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SYNTHESE

Lors du conseil communal du 13 janvier, j’ai proposé que le parc informatique de la Ville soit doté de logiciels libres au lieu de l’habituel Microsoft. Ces logiciels sont en général disponibles gratuitement et ne nécessitent pas d’équiper les ordinateurs d’un antivirus. Ce changement pourrait représenter une réelle économie pour le budget de la Ville, comme c’est le cas pour la municipalité de Munich qui a réalisé une économie de plus de 11 millions d’euros. Selon mes informations cela pourrait représenter pour Bruxelles près de 1,3 millions d’euros d’économie par an, soit une économie de 5 millions d’euros sur 4 ans !
En réponse, le Collège m’informe qu’en l’état actuel du marché, la Ville préfère la solution de Microsoft pour ses 5900 ordinateurs. Selon l’étude réalisée pour la Ville en 2011, en quatre ans la Ville peut amortir le coût du changement, mais il faut évidemment également penser aux contrats de support qui sont nécessaires.
La Ville ne serait pas la première à Bruxelles à passer à l’utilisation de logiciels libre, comme l’a souligné également monsieur le Bourgmestre : les hôpitaux publics de la Ville utilisent déjà des logiciels libres depuis une dizaine d’années.

Pour toute remarque, suggestion ou avis, n’hésitez pas à me contacter. Ce dossier est évidemment à suivre.

COMPTE-RENDU : Question orale de M. Weytsman concernant « les logiciels libre à la Ville de Bruxelles comme source de moindres dépenses pour le prochain budget »

M. Weytsman.- En 2004, la ville de Munich a opté pour l’utilisation de logiciels libres. Depuis, elle a réalisé une économie de plus de 11 millions € en optant pour ce système au lieu de l’habituel Microsoft.
L’année passée, le gouvernement français a encouragé toutes ses administrations à recourir préférentiellement à des logiciels libres. Le premier ministre s’est appuyé, notamment, sur le vaste projet de migration de la Gendarmerie nationale, un symbole pour les adeptes du logiciel libre, car elle visera 72.000 postes d’ici à l’été 2014. Selon lui, sans toutefois donner de chiffres précis, l’intégration du libre aurait permis de générer de substantielles économies, grâce à des solutions informatiques « 5 à 10 fois moins onéreuses sur la durée qu’une solution propriétaire ».

Des expériences très positives sont également menées en Belgique. Selon mes informations, plus de la moitié des communes wallonnes et plusieurs parlements utilisent le logiciel libre « CommunePlone » pour leurs sites. Le CIRB utilise et promeut de nombreux logiciels libres dans les cabinets ministériels et les communes bruxelloises. Ainsi, à titre d’exemple, les communes d’Anderlecht et de Saint-Josse ont effectué des migrations importantes en matière de bureautique. La commune d’Ixelles envisagerait une migration de 400 postes de travail prévoyant une économie d’environ 800 € par unité.
Les logiciels libres sont, pour la plupart, disponibles gratuitement et ne nécessitent pas l’utilisation d’antivirus. Ils permettent de diminuer les coûts de maintenance, les machines étant moins rapidement obsolètes. Aujourd’hui, GIAL, née en 1993 après avoir repris les activités du Centre informatique de la Ville de Bruxelles, gère un réseau de près de 5.000 PC et 2.000 imprimantes pour notre Ville.
Selon mes informations, un système d’exploitation coûte approximativement 280 € par machine ; la suite Office Pro revient à environ 580 € par machine et un antivirus coûte 50 € par an et par machine. Annuellement, cela reviendrait à un coût par PC de plus ou moins 260 €.
Étant donné le nombre de PC à la Ville de Bruxelles, cela pourrait représenter une moindre dépense de plus de 1,3 million € par an. Il faut en soustraire certains coûts de formations à l’utilisation de ces logiciels la première année.
Ceux-ci s’élèveraient à un tiers des économies réalisées au cours de cette même première année. La Ville de Bruxelles pourrait ainsi économiser près de 5 millions € sur 4 ans.
Pourquoi ne pas encore avoir opté pour des logiciels libres comme d’autres villes l’ont fait ?
Avez-vous déjà estimé l’économie que le recours à des logiciels libres pourrait générer pour la Ville de Bruxelles ?
Ne pensez-vous pas que les pouvoirs publics doivent montrer l’exemple en la matière et encourager tous leurs partenaires et associations à « passer au libre », comme de nombreuses entreprises et citoyens l’ont déjà fait pour des raisons économiques, mais aussi de sécurité.
M. le Bourgmestre.- La parole est à M. Ouriaghli.
M. Ouriaghli, échevin.- Les chiffres que vous évoquez sont, certes, impressionnants, mais je pense qu’il faut les remettre dans un contexte précis, plus particulièrement le contexte bruxellois.GIAL gère pour la Ville de Bruxelles 5.900 postes de travail (et non 5.000) : 4.000 pour l’instruction publique et 1.900 pour l’administration.Le coût « logiciel » par ordinateur que vous évoquez n’est pas de 260 €, mais de 41 € pour les 4.000 ordinateurs à vocation pédagogique et de 236 € pour les ordinateurs de l’administration. Le coût total annuel du parc est de 615.000 €. On est donc loin de votre estimation.
GIAL estime que si l’administration utilisait comme suite bureautique « libre Office », tout en gardant Windows comme système d’exploitation, le coût annuel serait de 334.000 €, soit une économie de 281.000 €.
Afin d’évaluer le rapport coût/bénéfice d’une utilisation accrue de logiciels libres, une étude avait été commandée en 2011 à une société de services spécialisée dans les logiciels libres. À l’époque, le transfert vers une suite Office libre était estimé à un minimum de 1 million d’euros. Il faudrait environ 4 ans pour amortir ce coût. Vous me direz que cela ne doit pas nous empêcher d’investir afin d’en récupérer les fruits dans quelques années et que d’autres pouvoirs publics ont déjà franchi le pas. Vous avez en partie raison, car c’est déjà chose faite pour une série de logiciels. Actuellement, ce ne sont pas moins de 18 logiciels libres que la Ville et ses écoles utilisent quotidiennement. Il s’agit de logiciels pour lesquels GIAL possède une expertise forte (par exemple, les bases de données), pour lesquels il y a peu d’inconvénient si la continuité de service n’est pas assurée (dessin assisté par ordinateur) ou pour lesquels les solutions de contournement sont simples (navigateur web). Mais nous savons aussi que « open source » ne veut pas dire gratuit, car il faut compter les contrats de support qui peuvent être estimés à une centaine de milliers d’euros pour le système d’exploitation et pour une suite « Office ». Ces contrats de support sont nécessaires pour garantir que les logiciels libres soient exempts de pollution virale et que la stabilité soit au rendez-vous. Contrairement à ce que vous supposez, la sécurité est d’autant plus critique lorsque l’on travaille en open source, où tout est possible pour un développeur mal intentionné.
Les contrats de support sont également indispensables, car nous ne pouvons dépendre du seul aspect « communautaire » de l’open source. Les communautés sont, dans bien des cas, très volatiles et peuvent disparaître très rapidement, laissant des solutions open source en jachère. À titre d’exemple, Open Office a été « lâché » par Sun/Oracle et la communauté a périclité…
En tant qu’utilisateurs, nous pourrions contribuer à faire vivre la communauté, mais cela a également un coût. La Gendarmerie française que vous évoquiez dispose d’une équipe de 20 à 25 personnes, seulement pour la veille technologique open source.
S’il est vrai que Munich a opté pour l’utilisation complète de logiciels libres, d’autres villes comme Fribourg, Bristol ou Marseille, et des communes comme Molenbeek ou Woluwe-Saint-Lambert sont revenues en arrière, que ce soit pour la suite Office ou le système d’exploitation.
Dans le cadre de l’instruction publique, j’ajouterai que former des étudiants sur OpenOffice serait, pour l’instant, contre-productif, car même sur les Mac, la référence de l’outil bureautique, c’est MS-Office qui est la règle. Il en va de même pour des solutions propriétaires AutoCad, Adobe… où existent des logiciels libres, moins performants, mais surtout inutilisés dans l’industrie.
La Ville exige de GIAL qu’elle lui propose des solutions pérennes, fiables et compatibles avec les logiciels qu’elle utilise. Dans ce cadre, chaque solution est analysée en fonction de sa criticité, de son coût global – je le rappelle, libre ne veut pas dire gratuit, de la disponibilité sur le marché et au sein de GIAL, de ressources capables de gérer et de faire évoluer la solution, de son environnement communautaire, de sa capacité à communiquer avec l’extérieur (partenaires, citoyens, autres institutions et entreprises) et, enfin, de l’innovation qu’elle peut offrir à la Ville et son administration pour servir le citoyen.
Vous l’aurez compris, l’utilisation de logiciels libres doit s’étudier minutieusement afin de ne pas connaître le même sort que celui des villes précitées. Une veille technologique existe, car le monde de l’informatique évolue vite. Il n’est donc pas à exclure que nous passions à des logiciels libres pour le système d’exploitation et la suite Office, mais en l’état actuel du marché, des ressources internes à GIAL, de la nécessité d’une continuité de service, nous préférons la solution « clés en main » pour les logiciels critiques que sont le système d’exploitation et la suite Office.
M. le Bourgmestre.- Les hôpitaux publics de la Ville de Bruxelles utilisent des logiciels libres depuis 10 ans, dont Linux.
M. Fassi-Fihri.- Tout comme l’Armée française et l’administration Obama.
L’argument de la sécurité ne me paraît pas pertinent.
M. Weytsman.- Un montant de 30 € par PC me semble étonnamment bas. Je comprends que la formation des personnels requiert un certain temps.
M. Ouriaghli, échevin.- L’équipe de GIAL compte d’excellents négociateurs…

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