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Ce mercredi 30 avril, j’ai été invité à prendre la parole lors de la manifestation du 50e anniversaire de la chute de Saigon. Un moment important pour tous les Vietnamiens immigrés sur notre territoire à la recherche d’une liberté perdue dans leur pays depuis l’instauration d’une dictature.

 

Mon discours

Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Merci d’être ici, en ce jour si chargé d’émotion et de mémoire.

Le 30 avril 1975, il y a cinquante ans, Saigon tombait. Avec elle s’effondrait une immense espérance de liberté pour tout un peuple. Ce jour a marqué le début d’un exil, d’un arrachement, mais aussi d’une résistance inlassable.

Vous n’avez pas fui un simple changement politique. Vous avez fui l’instauration d’une dictature brutale, où la peur remplace le droit, où les croyances sont étouffées, où la répression est systématique et où les libertés les plus élémentaires sont écrasées. Vous avez connu l’exil non par choix, mais par nécessité.

Aujourd’hui encore, des dizaines de millions de personnes vivent sous le joug d’un régime autoritaire. L’opposition y est bâillonnée, la presse muselée, les voix dissidentes enfermées. Le pouvoir y est entre les mains de quelques-uns, pendant que les plus vulnérables s’enfoncent dans la misère. L’indépendance nationale y est bradée, et l’avenir compromis.

Mais ce drame n’est pas unique. Partout où le communisme s’est imposé, il a apporté avec lui la ruine, la violence et la peur. Il ne s’agit pas d’une idée noble trahie par la pratique, mais d’une idéologie qui exige l’écrasement de la liberté pour exister.

Des livres, des témoignages, des recherches rigoureuses l’ont démontré : cette idéologie, au XXe siècle, a conduit à des dizaines de millions de morts, à des famines organisées, à des systèmes concentrationnaires inhumains. Ces ouvrages ne racontent pas seulement le passé. Ils sont un appel à la vigilance, un rempart contre l’oubli.

Et c’est pourquoi votre présence aujourd’hui est si précieuse. Vous êtes les témoins. Vous êtes les voix qui rappellent ce que signifie perdre la liberté — et ce que signifie la reconquérir, chaque jour, par la parole, par la mémoire, par la transmission.

Votre histoire en Belgique est un message d’espoir. Vous avez montré qu’on peut perdre une terre sans perdre son âme. Qu’on peut vivre l’exil sans renoncer à la dignité. Et qu’on peut transmettre à ses enfants, non pas la haine, mais l’amour de la vérité et le goût de la liberté.

Je voudrais, à ce titre, partager une inquiétude. Dans notre pays d’accueil, je sens parfois une forme d’oubli. Certains, notamment aux extrêmes, redonnent au communisme des couleurs trompeuses, comme s’il s’agissait d’une utopie malchanceuse. Mais l’Histoire ne pardonne pas l’oubli. Et votre histoire est là pour rappeler que les idéologies totalitaires, même lorsqu’elles se parent de grands mots, finissent toujours par broyer les êtres.

Notre devoir, aujourd’hui, est de transmettre. De dire ce que vous avez vécu. D’avertir ceux qui n’ont pas connu. De refuser que les drames du passé soient effacés ou relativisés.

Car nous ne commémorons pas seulement un pays perdu. Nous réaffirmons un engagement. Une fidélité. À la vérité. À la justice. À la liberté.

Et nous tendons la main à la jeunesse, pour qu’elle se souvienne, pour qu’elle comprenne, pour qu’elle se tienne debout, digne, et libre.

Merci pour votre accueil.

Merci pour votre courage.

Et merci de nous rappeler, avec calme et force, que la liberté n’est jamais acquise. Elle est toujours à défendre, à chaque génération.

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