Plusieurs enseignes de grand magasin ont annoncé début décembre que « des heures silencieuses » étaient désormais instaurées. Une première en Belgique. Mais surtout, une avancée pour les personnes en situation de handicap.
Et tout a été rendu possible grâce au travail du député régionale David Weystman à qui nous avons posé 3 questions.
Une heure silencieuse, c’est quoi ?
L’idée vient des pays anglo-saxons, où, en 2017, et en partenariat avec des associations de parents de personnes concernées par l’autisme, des chaînes de supermarchés, Coles en Australie et Tesco en Angleterre, ont créé des « quiet time » et des « quiet hours ».
Les commerces procèdent à la réduction de l’intensité lumineuse, à limiter les sons provenant des appareils électroniques et à couper les annonces sonores.
Dans ces pays, l’heure silencieuse est parfois accompagnée de nombreuses adaptations techniques en plus de celles évoquées précédemment relatives aux nuisances sonores et lumineuses : files spécifiquement réservées aux personnes présentant des TSA, personnel aidant à l’emballage des courses lors du passage en caisse des personnes présentant des TSA, suspension des activités de remplissage des étagères dans les rayons, maintien permanent des portes automatiques ouvertes, installation de pictogrammes visuels en tête de gondole, cartes du magasin simplifiée par un code couleur et des dessins distribués à l’accueil, téléviseurs diffusant des annonces publicitaires éteints, mettre en veille le bruit des scanners… Certains magasins s’engagent également, lors de cette « heure silencieuse » à ne pas utiliser non plus les appareils de nettoyage.
Vous avez déposé une proposition de résolution pour instaurer ces heures silencieuses à Bruxelles il y a 6 mois. Pourquoi ?
Cette proposition de résolution s’inscrit dans un travail plus global que je mène au Parlement régional depuis que je suis arrivé, à savoir : l’inclusion des personnes en situation de handicap. En fait, c’est un environnement inadapté qui exclut au quotidien des centaines de milliers de belges chaque jour.
Pour les heures silencieuses, j’ai été interpellé par une maman qui me disait qu’il lui était impossible de faire ses courses avec son fils atteint du trouble du spectre de l’autisme. Je ne me rendais pas compte à quel point cette situation pouvait être compliquée pour certaines familles.
Le supermarché est un endroit souvent bruyant, où la cacophonie de la caisse et le brouhaha des clients se mêlent aux lumières crues des rayons. Une liste longue de facteurs qui peuvent perturber, voire agresser les personnes atteintes de troubles du spectre autistique. Ou les personnes plus sensibles.
Le moment des courses, une étape de routine quotidienne, devient alors vite une épreuve à surmonter lorsque la stimulation est démultipliée. De plus, l’hypersensibilité est variée et se décline sous plusieurs formes notamment l’hypersensibilité tactile, auditive, visuelle, olfactive, etc. Par conséquent, l’environnement d’une grande surface va stimuler tous les sens en même temps. Cette surcharge de stimulus peut provoquer de la fatigue, une perte de repères, une montée en stress qui peut même déclencher une crise violente. Des risques qui amènent progressivement les personnes autistes à s’isoler et à ne plus se rendre en magasin.
Delhaize et Carrefour ont annoncé début décembre mettre en place ces heures silencieuses, c’est une bonne chose.
Je suis vraiment ravi. Cela fait plus d’un an que je travaille sur ce sujet.
Nous avons rencontré une députée qui a amené cette question à l’Assemblée nationale française, le secteur associatif et le secteur économique (Comeos) à plusieurs reprises. Je souhaitais, en effet, que la proposition de résolution permette de répondre réellement aux problèmes que vivent les personnes atteintes du trouble du spectre de l’autisme (100.000 personnes en Belgique). Je souhaitais aussi que le secteur économique soutienne cette proposition et ne soit pas confronté à une obligation de résultat coûteuse, alors que l’on sort d’une crise sanitaire et que la crise énergétique est forte. Dès le début, Coméos nous a totalement soutenu. Je les remercie. Cela démontre aussi qu’encourager les acteurs est plus simple et efficace que de contraindre. Au final, ce projet est vertueux socialement, économiquement et énergétiquement.
J’ai pu rencontrer les responsables de plusieurs enseignes de grands magasins dont Carrefour et Delhaize qui se sont rapidement engagés à mettre en place ces heures silencieuses.
Et ils ont tenu leur promesse. En 3 mois, tout était en place.
J’étais d’ailleurs sur le terrain le jour du lancement de la toute première heure silencieuse dans un magasin à Evere avec le secteur associatif.
Quand le politique peut faire bouger les lignes sur des sujets aussi importants que ceux-là, ça donne du sens à notre engagement libéral.
Article d’origine à retrouver sur le site du MR ICI