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Les pertuis de la Senne : le plus long tunnel de Bruxelles entièrement rénové après 20 ans de travaux

Ce jeudi, comme Président de VIVAQUA, j’ai eu l’honneur d’inaugurer l’achèvement d’un chantier titanesque : la rénovation complète des pertuis de la Senne, deux galeries souterraines parallèles de 7 km chacune, soit 14 kilomètres de tunnel sous Bruxelles. Le plus long tunnel de la capitale… et le seul sans embouteillages !

 

Mon discours

D. Weytsman, Président de VIVAQUA — Mot d’introduction

Bonjour à toutes et à tous,

En tant que nouveau Président de VIVAQUA depuis à peine deux mois, je suis très heureux d’être ici aujourd’hui pour célébrer avec vous l’achèvement des travaux de rénovation des pertuis de la Senne. Un chantier d’envergure, mené pendant plus de vingt ans, et dont nous mesurons aujourd’hui toute l’importance.

Merci à toutes les équipes qui, de près ou de loin, ont participé à ce succès. Merci aux femmes et aux hommes qui, ici même, ont écrit un nouveau chapitre de l’histoire de la Senne.

Car oui, cette histoire est impressionnante. La Senne, principal cours d’eau de notre ville, s’écoule aujourd’hui sous nos pieds, dissimulée dans deux grands canaux souterrains en béton armé, souvent oubliée, presque invisible pour les Bruxellois.

Mais pourquoi cette rivière, autrefois si intimement liée à l’essor économique de la ville, a-t-elle été voûtée il y a plus de 150 ans, bouleversant au passage tout le centre urbain ?

Maar waarom werd deze rivier, die vroeger zo nauw in verband stond met de economische ontwikkeling van de stad, 150 jaar geleden overwelfd? Wat bovendien een radicale transformatie van het stadscentrum veroorzaakte.

C’est que, dès sa source à Soignies, la Senne est une rivière capricieuse. Son débit varie rapidement selon les pluies. Avant la construction des pertuis, ses crues provoquaient des inondations catastrophiques, d’Anderlecht au centre-ville, en passant par Saint-Gilles et Molenbeek. Les riverains de ces communes devaient affronter la fureur des eaux plusieurs fois par an.

Les archives communales de Bruxelles en conservent de nombreux témoignages : en 1850, le Conseil communal évoquait les plaintes d’habitants du quartier du Marché aux Porcs, inondés à répétition. Des peintures et gravures, visibles à l’Hôtel de Ville et à la Maison du Roi, montrent les rues du centre transformées en rivières boueuses. Et un article du Moniteur belge de 1853 raconte comment l’eau avait envahi le quartier du Béguinage, provoquant des cas de typhus.

Par temps sec, la situation n’était guère meilleure : la Senne devenait un véritable égout à ciel ouvert. Les sources d’époque décrivent une rivière stagnante, charriant déchets domestiques et industriels, empestant les quartiers populaires. En 1866, une violente épidémie de choléra frappe Bruxelles, faisant plus de 3 500 morts. Ce drame sanitaire sera l’un des déclencheurs du projet de voûtement, porté par le bourgmestre Jules Anspach, et encouragé par Léopold II, tous deux soucieux de moderniser la ville et de préserver la santé publique.

Les autorités décident alors de voûter la Senne sur environ 2 kilomètres, entre les gares du Midi et du Nord, et de séparer les eaux usées de celles de la rivière pour les conduire vers une station d’épuration à Buda, près de Vilvorde. Les travaux s’achèvent en 1871 et donnent naissance aux grandes artères haussmanniennes que nous connaissons : les boulevards Lemonnier, Anspach, Max et Jacqmain.

Mais rapidement, ces mesures se révèlent insuffisantes : les inondations persistent en amont et en aval. Dans les années 1930, les autorités entreprennent alors la construction de nouveaux doubles pertuis, plus longs, et dévient la Senne pour qu’elle puisse évacuer ses crues via le canal de Charleroi, grâce à trois déversoirs situés à Lembeek, Aa et Vilvorde. Les travaux, ralentis par la Seconde Guerre mondiale, s’achèveront en 1955.

Aujourd’hui encore, en cas de fortes précipitations, la majeure partie des eaux est déviée vers le canal, avant même d’atteindre Bruxelles. Les premiers pertuis du XIXe siècle, désormais asséchés, accueillent les stations du prémétro. Quant à la Senne, elle contourne Bruxelles à travers les doubles pertuis actuels, longeant le canal sous la petite ceinture et abandonnant les boulevards centraux.

Vandaag wordt, in geval van hevige regen, het grootste deel van het water afgeleid naar het kanaal, nog voor het Brussel bereikt. De eerste kokers, die dateren uit de 19de eeuw, liggen droog en bieden onderdak aan de premetrostations. De Zenne op haar beurt ontwijkt Brussel in de huidige dubbele kokers en loopt langs het kanaal onder de kleine ring en niet meer onder de centrale lanen.

Mais l’histoire de la Senne ne s’arrête pas là. Depuis plusieurs années, en conformité avec la Directive-cadre européenne sur l’eau, la Région de Bruxelles-Capitale œuvre à améliorer la qualité de ses eaux. Elle mène aussi un ambitieux projet de remise à ciel ouvert de la rivière sur certains tronçons, dans une logique de revitalisation urbaine et de développement durable.

Aujourd’hui, la Senne refait donc surface par endroits, et les Bruxellois redécouvrent avec étonnement ce cours d’eau oublié. En 2020, un tronçon de 200 mètres a été remis à ciel ouvert au nord de Bruxelles. Un défi relevé par Bruxelles Environnement, qui se poursuit actuellement avec le réaménagement du parc Maximilien, et la réouverture de la Senne sur 650 mètres à cet endroit. VIVAQUA collabore à ce projet en tant que gestionnaire des pertuis.

Deze uitdaging werd opgenomen door Brussel Leefmilieu en zet zich vandaag verder met herinrichtingswerken in het Maximiliaanpark waarbij de Zenne over een afstand van 650 meter terug bovengronds komt te liggen. VIVAQUA werkt trouwens samen aan dit projet als beheerder van de zennerkokers.

Un fleuve qui refait surface, c’est un peu comme un secret de famille qu’on décide enfin d’assumer. Mais à Bruxelles, on ne fait pas les choses à moitié : la Senne revient, et avec elle, tout un pan de notre histoire urbaine.

Alors, vous vous demandez peut-être : “Mais que vient faire VIVAQUA là-dedans ?” C’est vrai qu’entre produire de l’eau potable et s’occuper d’une rivière capricieuse, il y a comme… un virage. Et pourtant, c’est bien notre mission.

Je vous remercie.

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