« On ne sait pas » et « de gros efforts reste à faire» (sic) reconnaît le ministre Vervoort.
La semaine dernière, j’ai eu l’occasion d’interroger le Ministre-président (PRB) Rudi Vervoort et la Ministre Fadila Laanan (Cocof) sur leur travail et leur vision en matière de crèches. La situation à Bruxelles est en effet très compliquée. Pouvoir inscrire son enfant dans un lieu d’accueil adapté relève parfois du parcours du combattant. Et c’est difficile pour tout le monde, pour les familles les plus vulnérables comme les classes moyennes avec des parents qui travaillent.
Article dans la Capitale à ce sujet : ICI
Plusieurs éléments expliquent la situation catastrophique à Bruxelles:
Tout d’abord, il n’y a aucune donnée précise sur la situation à Bruxelles alors que le problème est criant depuis des années. Quand on interroge le gouvernement sur le nombre de places manquantes, et donc sur ce qui doit être fait par le politique, on n’a pas de réponse. Ce que reconnaît Rudi Vervoort : « on ne connaît, pour l’instant, pas la demande exprimée et nous pouvons espérer que cela soit possible dans le futur ».
Aujourd’hui, la Région doit travailler sur base de « taux de couverture ». Concrètement, cela veut dire qu’on calcule le nombre d’enfants de moins de 3 ans en Région bruxelloise et on le compare aux places disponibles. Le taux de couverture est actuellement de 38%, soit 19.784 places disponibles pour 51.883 enfants.
Il y a aussi les Contrats de quartier in-efficients en la matière. Entre 1997 et 2016, 61 lieux d’accueil ont été initiés dans le cadre des 44 contrats de quartiers. Et, fin 2017, seuls 35 lieux d’accueil avaient réellement ouvert. On constate par ailleurs qu’il faut en moyenne entre 3 et 5 ans pour ouvrir une structure financée dans le cadre des contrats de quartier. Parfois il faut même attendre 10 ans selon une étude du réseau des initiatives enfants parents professionnels (RIEPP).
Troisième élément, à la Cocof, sur les 7500 nouvelles places de crèches annoncées, il y a 5 ans par la Ministre Laanan, seules 1900 auront été créées ! Plus scandaleux encore, plus de 25 millions d’euros (d’encours), selon la ministre, n’ont toujours pas été utilisés. C’est un véritable échec.
L’élément financier est aussi à pointer du doigt : le Budget 2019 prévoit une baisse de 650.000 euros pour soutenir les crèches privées (-400.000 euros) et publiques (-250.000 euros) prenant le risque que d’autres crèches ferment par manque de financements!
Enfin, depuis 2 ans, la Cocof peut créer ses propres crèches tout en finançant le secteur ! Mais la ministre Laanan se dit incapable de gérer un tel projet!
Cette politique est un double échec pour les familles. Non seulement, on pourrait avoir à Bruxelles plus de crèches publiques et privées mais le fait de ne pas en avoir impose le paiement de sommes colossales (souvent jusque 600 euros) pour un enfant dans une crèche. Dans un budget serré, c’est tout simplement scandaleux.
Il importe de travailler sur tous les leviers en même temps, notamment : augmenter les budgets de soutiens aux crèches privées et publiques pour en faire une véritable priorité et prévoir un plan d’investissements dans de nouvelles infrastructures à cour terme (utilisation des encours).