Retrouvez ci-dessous une carte blanche publiée dans Le Vif sur le retard de Bruxelles en matière d’intelligence artificielle. J’ai co-signé ce texte avec Benjamin Jan – Chercheur et doctorant à l’Université de Liège.
Bruxelles à la traîne en matière d’intelligence artificielle, pourquoi c’est un problème
Depuis une dizaine d’années, l’intelligence artificielle (« IA ») a pris une grande place dans notre société et notre quotidien. Parfois, même sans qu’on s’en rende compte. C’est le cas des algorithmes des réseaux sociaux ou des messages automatiques dans les services après-vente… Les enjeux liés à l’IA sont multiples. D’une part, les opportunités économiques sont immenses. En 2030, le marché de l’IA est évalué à 1,581 billion de dollars. D’autre part, l’IA peut réellement améliorer les services publics et privés offerts aux citoyens.
La Chine et les États-Unis investissent massivement en matière d’IA pour conquérir les marchés d’aujourd’hui et de demain et assurer leur prospérité. L’Union européenne, elle, est à la traîne. Et la Belgique, davantage encore. Et que dire de Bruxelles ? On peut réellement se demander si la première vitesse a été enclenchée.
Bruxelles dispose d’un centre de l’intelligence artificielle, mais celui-ci n’est pas de taille pour saisir les opportunités en matière d’IA. Au travers de maigres collaborations, les initiatives issues du centre sont insuffisantes et les résultats peu visibles. Entre des programmes de formations qui ne sont plus offerts ou pas assez nombreux, l’absence d’entreprises d’envergure attachées au centre ou une plateforme d’accès aux données de la Région Bruxelles-Capitale qui dispose de peu de contenus, Bruxelles ne sera jamais en pole position pour capter des emplois et des capitaux à cette vitesse. Et c’est un réel souci dans une ville qui peine déjà à se rendre attractive.
Nécessité d’une stratégie pertinente avec des partenariats publics-privés
Il est urgent d’offrir à Bruxelles une meilleure stratégieaccompagnée d’investissements pertinents et d’actions concrètes afin de faire prospérer économiquement la capitale et y offrir des services publics optimisés aux citoyens. Les exemples ne manquent pas. Aux Pays-Bas, le gouvernement assure une collaboration forte et dynamique entre le monde académique, l’industrie et les autorités publiques à l’échelle nationale. L’une des réussites de notre voisin est leur coalition en matière de partage des données permettant au travers d’un système uniforme l’accès facile à de nombreuses données administratives et scientifiques afin que celles-ci puissent contribuer à des projets ayant pour but de résoudre des problèmes sociaux ou stimuler la croissance économique. Qu’attend le gouvernement bruxellois pour mettre en place un même type de collaboration ? D’autant qu’en 2022, de nombreuses villes et régions ont déjà sauté dans le train de l’IA.
À 200 km de Bruxelles, à Amsterdam, les autorités locales, le secteur médical et entrepreneurial investissent sur les dix prochaines années plus d’un milliard d’euros dans des programmes de recherches et d’éducation. L’objectif ? Employer 800 chercheurs, éduquer 5.000 étudiants en matière d’IA et développer 100 spin-offs et 100 start-ups. À côté de ce partenariat, de nombreuses recherches sont entreprises ayant pour but soit d’améliorer la vie des citoyens dans des matières comme la santé, la sécurité publique ou la mobilité, soit d’élaborer une IA éthique.
Si Bruxelles veut prospérer au travers d’un tissu d’entreprises spécialisées dans un secteur d’avenir et optimiser ses services publics, ceci ne peut se faire que par la création d’un écosystème solide, à l’instar de ce que font nos voisins. Le gouvernement bruxellois doit prendre conscience que se détourner de l’intelligence artificielle aujourd’hui, c’est se détourner des emplois de demain, de capitaux et de services publics optimisés.
David Weytsman – député bruxellois (MR)
Benjamin Jan – Chercheur-doctorant à l’Université de Liège
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