Vous trouverez ci-joint mon intervention lors de l’examen du budget 2020 de la Commission Communautaire française. Excellente lecture!
N’hésitez pas à m’interroger à ce sujet également.
Bon dimanche!
David
Madame la Ministre-Présidente,
Chères Bruxelloises, Chers Bruxellois,
Tout d’abord, je vous souhaite à toutes et à tous de magnifiques fêtes de fin d’années…
Je vous souhaite des moments de bonheur, de joie, de réflexions et de calme. Des moments auprès de vos amis, de vos proches, de votre famille…Je vous souhaite de prendre soin de ceux que vous aimez.
Prendre soin des Bruxelloises et Bruxellois, c’est l’essence même des politiques de notre Assemblée.
Prendre soin, c’est au minimum connaître l’autre.
Et pourtant… Les associations, les citoyens et parfois même les politiques sont perdus dans notre complexité institutionnelle, belge, régionale, communautaire… française ou commune… Cette majorité dit vouloir rassembler, dit vouloir créer des ponts, mais elle nous présente trois ministres différents chargés de la santé… Alors que deux auraient pu suffire !
L’histoire de notre Institution avait pourtant démontré que scinder les compétences communautaire française de la Santé entre deux ministres, expose à de grandes difficultés. Défi s’en souvient ! Les politiques sociales et de la santé ont un lien évident de cause à effet… Tout aurait doit être fait pour les rapprocher.
Prendre soin des autres, c’est aussi s’assurer de répondre à leurs besoins, par tous les moyens !
Les législatures passent… Les budgets augmentent un peu… Les ministres se plaignent toujours d’en manquer autant… Mais depuis 15 ans, quelle évaluation des politiques menées a été mise en place ? Quelle évaluation des investissements consentis sera réalisée ?
Madame la Ministre-Présidente, on résume souvent l’action de la Commission communautaire française aux montants alloués à telle ou telle politique…à telle ou telle association. C’est évident nécessaire. Mais ce n’est certainement pas suffisant… Nous devons aussi avoir le courage de nous interroger sur la manière dont les budgets sont utilisés.
Vu les enjeux auxquels fait fasse notre Région, nous devons être encore plus innovant… L’innovation doit être sociale… Et le MR vous soutiendra dans cette voie… Mais l’innovation doit aussi se trouver dans votre capacité à financer ces politiques AUTREMENT… De nombreuses solutions sont trop souvent mises de coté… Depuis le partenariat avec les communes, jusqu’aux financements de la Commission européenne ou de la Banque Européenne d’Investissements… En passant, n’en déplaise à certains, par de véritables partenariats public-privé qui permettraient incontestablement d’investir davantage qu’aujourd’hui! Le carcan budgétaire dont certains se plaignent, c’est avant tout un carcan… idéologique.
Dans nombreux pays, les entreprises privées jouent aussi un rôle social plus important… Je suis convaincu que nombreuses entreprises, grandes, petites ou moyennes… Nombreux commerçants veulent aussi aider et prendre soin de notre Ville et de ses habitants !
Prendre soin de la santé des Bruxelloises et Bruxellois, c’est aussi une des missions de nos politiques communautaires
Madame la Ministre-Présidente, nous nous réjouissons des soutiens supplémentaires aux services ambulatoires… Une étape nécessaire vers une politique de santé bruxelloise enfin plus intégrée, organisée et décloisonnée. Nous regrettons que le temps du budget ne vous ait permis de nous présenter vos nouvelles ambitions en termes de promotion de la santé…Mais surtout, surtout, comment pourrions-nous accepter une baisse constatée du programme en soutien à la politique de la santé ?
Même si notre Région offre parmi les meilleurs systèmes de soins de santé au monde… Nous l’avons déjà dit, nous pouvons faire mieux! Nettement mieux pour la santé des Bruxelloises et Bruxellois…
Nettement mieux POUR assurer des soins aux 40% de familles monoparentales qui reportent leurs soins pour raison financière… Votre budget ne témoigne helas pas d’un accompagnement renforcé !
Nettement mieux POUR aider une femme sur 15 il y a 30 ans , sur 11 il y a 10 ans , sur 8 aujourd’hui touchée par le cancer du sein…. Même si la mortalité diminue à Bruxelles depuis les années 90, l’incidence en augmentation continuellement depuis plusieurs décennies ne peut être une fatalité… Madame la Ministre Présidente, la fatalité, c’est l’excuse du manque de volonté… Mon groupe s’oppose aux diminutions budgétaires constatées pour le dépistage des cancers colorectaux et du sein… Il faut au contraire renforcer, mieux informer, en faire une priorité au sein d’une CIM qui doit rapidement se retrouver. La Belgique atteint de bien tristes records!
Nettement mieux PARCE qu’à Bruxelles près de 30% des travailleurs sont confrontés à un excès de stress au travail et 7 % souffrent de burn-out? Quel budget y sera consacré?
Nettement mieux POUR prendre soin des plus jeunes Bruxellois… Parce que les taux de couverture vaccinale ou de dépistage chez les enfants bruxellois sont systématiquement inférieurs à la Flandre ou la Wallonie. Madame la Ministre-Présidente, aucun budget ne vient renforcer les campagnes de dépistage et de sensibilisation.
Nettement mieux PARCE QUE que plusieurs Ville dans le monde se sont fixé des objectifs clairs de « Zéro nouvelle contamination par le VIH à partir de 2030 ». Pourquoi pas à Bruxelles?
On peut faire nettement mieux pour ne pas laisser sur le bord du chemin celles et ceux qui s’ombrent dans les assuétudes… Les salles de consommation à moindre risque doivent être poursuivies. Qu’on ne se trompe pas… Elles ne seront jamais des réponses suffisantes pour aider ces personnes à sortir de cette grande dépendance, mais elles sont aussi des réponses nécessaires, pragmatiques, humaines en complément aux politiques de prévention, d’information, d’accompagnement médical et de répression de la criminalité!
On peut faire nettement mieux. Parce que les souffrances ne sont pas que physiques, nous soutenons la hausse des budgets pour aider le secteur de la santé mentale… Nombreuses mesures ont été annoncées : plus d’équipes, plus de dépistages précoces, plus d’agréments … Mais une question reste en suspens. Face à l’explosion des demandes de prises en charge des patients et des familles en souffrance, est-ce tout simplement suffisant ? Comment avez-vous identifié les besoins prioritaires ? Allez-vous oser des alternatives aux modalités classiques d’accompagnement ?
Prendre soin de tous les Bruxellois, c’est évidemment prendre soin des plus vulnérables et dépendants d’entre eux…
A Bruxelles, il y a 10 ans, la liste de grandes dépendances reprenait 180 personnes. Aujourd’hui, il se dit que 350 personnes sont en situation de grande dépendance et attendent encore une place. Mais en fait… Nous ne le savons pas ! Les familles et experts pensent que ce nombre est bien plus important. Madame la Ministre-Présidente, nous plaidons pour un cadastre depuis des années… Pourquoi ne pas le réaliser ? La seule certitude que nous pouvons avoir, majorité et opposition est hélas que certains Bruxellois sont totalement oubliés et ne rentrent dans aucune des trois catégories qui définissent encore aujourd’hui le secteur… Nous savons aussi que le manque de structures de prise en charge à Bruxelles impose aux familles d’aller trouver des places en-dehors de nos frontières régionales ! Votre budget ne témoigne d’aucune nouvelle ambition en 2020.
Prendre soin des personnes, venir en aide est une mission de notre institution…
Ce Collège veut aider davantage celles et ceux qui sont pris dans une spirale de difficultés financières. Le MR soutient votre volonté de renforcer la médiation de dette.
Mais nous n’avons reçu aucune garantie de vos ambitions en ce qui concerne le post-hébergement dont on doit renforcer l’action en collaboration avec les centres d’action sociale globale, les services de médiation de dettes et les services de santé mentale. Nous ne pouvons nous suffire d’un soutien à la création d’une maison d’accueil, ô combien importante, mais déjà largement annoncée et financée par vos prédécesseurs.
Prendre soin des plus fragiles, c’est aussi soutenir celles et ceux qui aident parfois jusqu’à l’épuisement…
A Bruxelles, 15% de jeunes de moins de 18 ans sont des aidants proches…10% de toutes les Bruxelloises et Bruxellois passent plusieurs heures par semaine à s’occuper d’un proche souffrant de maladie, d’un handicap ou étant tout simplement dépendant. Et le tournant de génération que vit toute l’Europe ne va QUE renforcer cette tendance… A Bruxelles, en 2040, près de 40% des personnes âgées seront « dépendantes ».
La ministre précédente avait largement balisé l’action à mener… Le Budget 2019 semblait enfin faire des aidants proches une priorité… Mais le budget 2020 ne témoigne d’aucune nouvelle ambition… Le Ministre reconnait en commission que les soutiens sont insuffisants.
Mais Madame la Ministre-Présidente, quand les ressources du secteur public semblent à ce point limitées, il faut à nouveau être innovant… en partenariat avec les associations qui font bouger les lignes, avec des communes qui ont décidé, comme la Ville de Bruxelles, d’en faire une priorité… avec les écoles qui doivent être conscientisées et aidées, avec les employeurs publics et privés qui peuvent comprendre les tensions associées à la difficulté de concilier les soins donnés aux proche avec les responsabilités professionnelles. A mes amis de la majorité, je veux leur dire que créer une commission de l’Egalité des chances et droits des femmes; c’est bien… Prévoir des budgets innovants dans un champs d’action qui concerne principalement les femmes. Comme les aidantes proches ! C’est encore mieux…
Prendre soin, c’est aussi accompagner chaque jeune vers l’âge adulte…
Les aider acquérir, dès le plus jeune âge, des aptitudes à opérer des choix éclairés favorisant l’épanouissement de leur vie relationnelle, le respect de soi et des autres. Nous soutenons vos ambitions en matière d’EVRAS.
Madame la Ministre Présidente, le budget aurait dû être le moment d’examiner les politiques qui seront menées pour lutter contre toutes les violences faites aux femmes… quelles soient intra familiales, conjugales ou post-conjugales… Je suis convaincu que vous avez ressenti l’émotion et l’urgence qui traversent le monde entier et notre Ville-Région également… Je ne sais pas si vous percevez à quel point pour un homme, pour moi, un peu naïf peut-être aux eux de certaines… Ces appels à « briser la chaine du silence », ces chiffres de féminicides d’ici ou d’ailleurs, ces réactions en chaine dénonçant tout autant de dysfonctionnements ont été une réelle prise de conscience, un électrochoc même… Je pense que l’ensemble de la société, quelle que soit son genre, doit aujourd’hui être en attente de mesures fortes que nous ne pourrons mener QU’ENSEMBLE Régions, Communautés et Fédéral… J’aurais souhaité que le budget soit le moment de comprendre vos propres ambitions en la matière. Ce ne fut pas le cas !
Prendre soin de toutes les Bruxellois, c’est aussi offrir les conditions d’accueil à celles et ceux qui nous rejoignent…
C’est assuré, qu’ils soient en capacité de participer au plus vite au développement économique, social et culturel de notre Ville-Région. Les hésitations idéologiques autour du parcours d’intégration obligatoire, les diminutions budgétaires de 2019 alors même que Bruxelles manque encore de places disponibles, le manque de clarté en 2020 sur les sources de financements entre nos institutions communautaires ne nous rassurent pas sur vos ambitions… Pourtant ces politiques sont éminemment sociales !
Madame la Ministre présidente, je vous rappelais, lors de votre déclaration de politique que notre Institution doit prendre soin de ses Ainés… Dans toutes les familles bruxelloise, vous disais-je, se pose parfois la question difficile du « maintien à domicile » ou du « logement collectif »…
Les enjeux sont fondamentaux… C’est un choix de société… L’allongement de la vie n’a de sens que si celle-ci est respectée et vécue dignement…
Si nous regrettons la timidité des budgets alloués à l’aide aux personnes âgées maltraitée, si nous craignons votre manque de capacité à soutenir la création de places dans les Maisons de Repos et de Soins notamment en simplifiant les procédures d’agréments, en permettant aux public et au privé à travailler plus largement ensemble… Nous nous réjouissons sincèrement de l’augmentation importante que vous accordé aux services d’aide et de soins à domicile.
Chers collègues,
Ces derniers mois, en tant que président d’une de nos commissions, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreuses Bruxelloises et Bruxellois concernés directement par les décisions que l’on prend ou que l’on ne prend pas. Par des budgets qu’on attribue ou qu’on n’attribue pas. Par des priorités qu’on s’impose ou qu’on ne s’impose pas.
Mon action libérale, notre action réformatrice, s’inscrit dans la conviction profonde de ne pouvoir laisser une ou un seul Bruxellois de côté… une ambition confrontée aux limites réelles de l’action publique… et des contraintes budgétaires… Nous sommes convaincus que les solutions passeront aussi incontestablement par l’innovation sociale, par l’innovation de financements… Par notre capacité à pouvoir mobiliser tous les acteurs, publics mais aussi privés, de notre société…
Je souhaite que votre prochain budget 2021 tienne compte aussi de cette réalité. Il pourra alors prendre davantage soin des Bruxelloises et des Bruxellois.