Monsieur le Bourgmestre,
Je souligne l’importance de voir des actions concrètes de lutte contre le racisme et l’antisémitisme dans votre plan d’actions.
Même si la Ville de Bruxelles, petite Ville monde, évolue dans un contexte de grande diversité, des discriminations persistent.
Régulièrement, je reçois des plaintes que je relaie au sein du Conseil communal. Les dernières concernaient des propos jugés racistes et antisémites par des agents de Bravvo. D’autres faits racistes contre des musulmans m’ont été relayés et concernent le service de la voirie. Dans nos écoles, année après année, des faits antisémites ont poussé des enfants juifs à quitter notre enseignement communal. Je pense aussi à ces familles d’origine subsaharienne qui m’expliquent à quel point c’est bien plus difficile, pour eux, de devenir locataires.
C’est évidemment intolérable au XXIe siècle ! Si j’encourage chaque victime à porter plainte, je demande à la Ville des actions plus fermes et claires en la matière.
Cette fermeté est d’autant plus importante à l’heure où l’on constate un réel repli identitaire et une hausse des actes racistes et antisémites. Des actes qui se transforment parfois en drames, en meurtres ou en attentats. Il suffit aussi de se rendre sur les médias sociaux pour prendre la mesure du travail d’éducation qu’il reste à faire !
Des valeurs en totale opposition avec celles que nous, libéraux, portons et défendons : la liberté, l’émancipation, l’universalisme et l’égalité des droits pour toutes et tous.
Monsieur le Bourgmestre,
Même si je regrette que ce travail n’ait pas pu se faire, vu son importance, ensemble, majorité et opposition, les libéraux seront toujours pleinement aux côtés de toutes celles et ceux qui font de ces combats une priorité !
Je voudrais, cependant, apporter de la nuance, des différences dans la démarche et souligner certains éléments absents de ce plan. Mon approche de la lutte contre le racisme est universaliste. Est-ce le cas pour vous, Madame l’Échevine ? Les identités sont plurielles et les discriminations peuvent toucher toutes les Bruxelloises et tous les Bruxellois quelles que soient leurs origines, couleur de peau, sexe, langue, religion ou opinions… Tout le monde est égal !
Je m’oppose en cela aux dérives wokistes, qui dépeignent un monde binaire, gouverné uniquement par des rapports de force entre dominés et dominants. A cet égard, je lis dans votre Plan que le racisme est entendu uniquement de manière systémique. C’est la première phrase de votre plan. « Dans son plan d’action de lutte contre le racisme 2020-2025, l’Union européenne explique et reconnaît la notion de racisme structurel ». Je suis donc allé voir ce plan européen. Le racisme systémique y est expliqué. Mais il est largement fait mention également du racisme individuel. Pourquoi ne pas y faire référence dans votre plan ? Il faut y faire référence et avoir la plus grande fermeté par rapport à ce racisme qu’Unia qualifie de racisme « moral », ou « intentionnel », ou « primaire ». Je vous demande d’introduire cette réalité qui touche tant de Bruxellois et je vous demande la plus grande fermeté par rapport à ces formes de racismes intentionnelles.
Concernant les noms de rues, je lis aussi que « certaines rues seront nommées en hommage à des personnes ciblées par le racisme. » Je voudrais insister, avant tout, sur l’importance de mettre en lumière, non pas des victimes de faits, mais des rôles modèles, et notamment des personnes inspirantes dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Des exemples pour les générations actuelles et futures. Il y en a suffisamment à Bruxelles et par le monde.
Je continue la lecture, page 10, « Un travail sera mené en collaboration avec les personnes expertes (..) afin d’identifier une liste des lieux portant des noms problématiques en raison de leur appartenance à l’histoire coloniale, esclavagiste et d’oppression des populations ciblées par le racisme ». Est-il question de débaptiser certains noms de rues ? Ou de les contextualiser ? Nous plaidons toujours pour contextualiser par vertu pédagogique. Et vous ?
Concernant l’enseignement, je lis encore que « l’enseignement de l’histoire de l’immigration et du colonialisme va être renforcée » Je me réjouis de cette initiative ! Mais qui va faire cet enseignement ? Quelle sécurité avons-nous que l’histoire ne sera pas réécrite, inventée ou exagérée ? En parlant de colonialisme, y aura-t-il, comme en France, une auto-censure sur certaines traites esclavagistes ?
Concernant le parcours BD, je lis que « le Parcours BD doit déconstruire les clichés et stéréotypes sexistes ou racistes existants sur la fresque ». De manière plus large, quelle est la position de la Ville concernant les œuvres d’art ? La Ville pense-t-elle qu’on peut les censurer, les changer, en enlever certains passages ou dessins jugés problématiques ? Pour le MR, la priorité est toujours à la contextualisation. Partagez-vous notre vision ?
Autres zones de flou pour nous : « Les conférences/ateliers afin d’aborder les réalités spécifiques des différents groupes ciblés par le racisme ». Je lis dans les thématiques : Études critiques de la blanchité. Pouvez-vous préciser la portée de cette étude s’il vous plaît ? Je pense que, dans nombreuses circonstances, il est plus facile d’être blanc que de couleurs. Mais un homme noir et aisé a bien plus de chance dans la vie qu’un homme blanc et pauvre. Par ailleurs, je rejoins les craintes de mes collègues. Je ne peux pas accepter ce qui a été dit.
Je lis, enfin, dans la fiche « Une participation inclusive » qu’il y aura « une analyse du fonctionnement des structures de participation citoyenne, de la présence et de la participation active/prise de parole des personnes ciblées par le racisme » Pouvez-vous, nous assurer que la Ville de Bruxelles n’acceptera aucune réunion qui verrait un groupe volontairement exclu sur base de sa couleur ou de son genre ? Je fais référence aux réunions publiques interdites aux blancs ou aux personnes cis.
Enfin, je regrette qu’il n’y ait pas plus d’actions liées au sport et à la lutte contre le racisme. C’est pourtant, pour moi, une priorité !
En conclusion, chers collègues, je vous demande de maintenir une approche universaliste des actions contre le racisme et l’antisémitisme. Je vous demande de reconnaître, dans ce plan, les racismes individuels, de comprendre l’ampleur des faits racistes et de lutter plus fermement contre toutes ces formes ! Ça, c’est bien plus concret et utile !
Je vous remercie.