Le vendredi 28 octobre, le Gouvernement de la COCOF nous a présenté sa Déclaration de politique générale pour l’année 2023. Force est de constater que celle-ci manque clairement de mesures concrètes pour les personnes en situation de handicap.
Vous retrouverez ci-dessous mon intervention, en réponse à la déclaration du Gouvernement. Cette dernière ne porte que sur les aspects social-santé et le handicap à dessein. Mon collègue Gaëtan Van Goidsenhoven se chargeait d’intervenir sur les autres dossiers.
Réplique de David Weytsman à la Déclaration de politique générale pour l’année 2023
Madame la Ministre-Présidente,
L’année dernière, j’évoquais les fractures sociales qui traversent notre Région, particulièrement dans les politiques de la santé.
- Fracture entre ceux qui peuvent payer et ceux qui doivent reporter des soins.
- Fracture entre ceux qui sont sensibilisés et ceux qu’on oublie.
- Fracture entre les notes d’intentions et les résultats de votre Gouvernement.
La situation ne s’est pas améliorée en 2022. Bruxelles compte toujours 25% d’habitants qui se sentent en mauvaise santé, 30% qui souffrent de maladies chroniques, 40% de familles monoparentales qui reportent leurs soins de santé pour raisons financières. Ma Collègue, Viviane Teitelbaum, l’a bien expliqué lors des débats en COCOM.
Je suis de plus en plus inquiet. Les crises se succèdent : crises sanitaires, crises économiques, crises climatiques. Elles marquent les corps autant que les esprits. Et les attentes de la société sont immenses car les détresses sont réelles !
Malgré le soutien aux projets de soins en santé mentale initiés dans le cadre de la crise, votre gouvernement fait une erreur en ne s’engageant pas dans une stratégie de santé mentale qui appelle une mobilisation plus large, en partenariat avec tous les acteurs et lieux de vie : de l’école aux entreprises, en passant par les clubs de sports, les centres cultuels ou les maisons de repos. Il fallait faire beaucoup plus !
La prochaine majorité devra en faire une priorité ! En attendant, nous soutiendrons évidemment les projets qui découleront du nouveau Plan Social-Santé Intégré. Mais comme vous le dites vous-mêmes: « Ce sont des points de départ ». Ce qui nous importe ce sont les actions maintenant ! Des actions attendues aussi, depuis des années, dans le cadre du décret ambulatoire. Une révision aurait dû aboutir en 2019. Et maintenant, vous nous annoncez une présentation, début 2024, soit, aussi, pour une mise en œuvre pour la prochaine majorité.
Madame la Ministre Présidente,
Cette année, je souhaite insister, à nouveau, sur une forme de fracture sociale. Plus encore, je me permets de parler de rupture du contrat social en ce qui concerne les personnes en situation de handicap.
L’année dernière, le PS et Ecolo se réjouissaient d’une politique gouvernementale inclusive en matière de handicap. Je regrette. Je ne partage pas cette position. L’action du Gouvernement ne permet pas d’inclure des milliers de personnes, enfants, femmes, hommes en situation de handicap. L’inaction du gouvernement exclut même ! Cela doit être dit. Si on n’ouvre pas les yeux, comment apporter des solutions structurelles ? Comment mesurer l’ampleur des financements privés et publics à mobiliser ?
L’année dernière, vous annonciez une politique ambitieuse afin de « garantir une aide, un accompagnement, un accueil ou un hébergement de qualité aux personnes en situation de handicap ». Pouvez-vous nous présenter vos résultats en la matière ?
Pour la grande dépendance, votre déclaration est importante ! Il faut le reconnaitre ! Vous évoquez des moyens supplémentaires. De quels moyens parlez-vous d’ailleurs pour l’année 2023 ? Malgré ces promesses, 7000 familles attendent toujours. 9 ans après la condamnation de notre Région, où en est-on ? Les listes d’attente sont de plus en plus longues et souvent sous-estimées. Les familles de plus en plus épuisées !
- Quel est le nombre réel de personnes recensées sans solution ?
- Quel accompagnement pour les familles ?
- Quels moyens pour l’attribution de conventions nominatives et prioritaires ?
Qu’avez-vous fait également en matière d’inclusion ? Vous évoquez enfin une nouvelle catégorie pour l’accueil et l’hébergement des personnes lourdement dépendantes. C’est aussi une bonne chose ! Mais pour quand ? Dans quelle enveloppe ?
Où sont, concrètement, les nouvelles politiques d’aide aux personnes autistes et à leurs familles ? Cela fait des années qu’on débat des actions de stimulation précoce, de thérapies adaptées, de formations et guidance parentale.
Madame la Ministre-Présidente,
Le secteur nous le dit depuis des semaines ! La crise menace les emplois des travailleurs en situation de handicap. Sans soutien exceptionnel, plusieurs entreprises de travail adapté devront mettre la clef sous le paillasson dans moins de six mois. C’était le constat que faisaient les directeurs des 12 ETA bruxelloises. En cause, comme dans beaucoup d’entreprises: l’explosion des frais et des indexations salariales.
Que mettez-vous, concrètement en place pour le secteur ? L’idéal est un soutien de 5 millions. Un investissement d’un minimum de 3 millions d’euros en 2022 est nécessaire pour sauver l’emploi des plus fragiles. Au final, quels sont vos engagements en urgence ? Les experts ont présenté plusieurs mesures structurelles pour rendre le secteur plus résilient économiquement. Quelles solutions sont sur la table ? Selon quel calendrier ?
Que dire également du Transport scolaire pour les enfants en situation de handicap. Chaque année, nous vous rappelons que les heures passées dans ces bus sont indignes ! Il n’est pas rare que ces enfants passent plus d’une heure dans les trajets, chaque matin et chaque soir. Vous nous parliez l’année dernière « d’optimiser les circuits » et « diminuer les temps de trajets ». Quels ont été vos résultats pour l’année 2021-2022?
Cette rentrée 2022-2023 a été une réelle catastrophe ! Vous l’avez dit ? Vous prétendez que « presque tous les enfants ont une solution » ! Il me revient que c’est largement sous-estimé ! Nombreux ne peuvent pas encore aller à l’école ou dans des conditions particulièrement difficiles. Certaines solutions à charge des écoles sont temporaires, encore quelques mois ou semaines.
- Quelles solutions de transport régulier après ces deux semaines de vacances de Toussaint ?
- Pourquoi a-t-il fallu une crise pour accélerer la mise en place des recommandations qui nous ont été présentés, il y a une année ?
- Vous évoquez des alternatives. Mais lesquelles ?
- Vous évoquez un renforcement des tarifs des transporteurs dès 2023. Mais pouvez-vous nous garantir que cela sera suffisant ?
Madame la Ministre-Présidente,
Je suis resté dans le cadre des compétences de la COCOF. En matière d’exclusion des personnes en situation de handicap, j’aurais pu m’étendre sur les conséquences des politiques de mobilité et de stationnement. Mais des jugements sont attendus. Nous y serons attentifs.
Nous avons déposé, en mars 2022, une proposition de résolution visant à respecter nos engagements internationaux et faire de la Région bruxelloise une région « handi-friendly ».. car si la Région de Bruxelles-Capitale a signé, il y a 7 ans, la charte Handistreaming et a adopté le Handiplan, il y a une fracture entre les engagements sur papier et les réalités de terrain. Et la Cocof a, là aussi, un grand rôle à jouer !
Chers Collègues,
Pour conclure, je vais me répéter en regrettant profondément, qu’à nouveau, vous n’évoquiez pas les aidants-proches. C’est pourtant grâce à ces familles et ces aidantEs proches que nombreux Bruxellois parviennent à survivre.
A Bruxelles, 18% de la population est aidantE proche, soit 1 Bruxellois sur 5. 62% des aidants proches à Bruxelles sont des femmes. 14% des enfants bruxellois sont aussi aidants proches.
Là aussi, nous avons déposé un plan d’actions et de mobilisation des aidants proches à Bruxelles en soutien aux associations actives.
Depuis 4 ans, je plaide pour que votre gouvernement s’engage déjà à
- mieux informer les aidants proches de leurs droits;
- à mieux sensibiliser, prévenir et les aider, notamment sur leur propre santé;
- et des services de nouveaux répit accessibles.
Ne les oubliez plus en 2024, s’il vous plaît !
Madame la Ministre-Président, déjà merci pour vos réponses à ces 23 questions.