Questions posées à la ministre de la Mobilité, en commission, ce 1 octobre 2019 :
La mobilité est un droit pour chaque citoyen. La liberté de se mouvoir est un fondement de la vie en société. C’est indispensable pour accéder au travail, aller à l’école, faire du sport, avoir des loisirs ou fréquenter des lieux culturels.
Le MR n’est plus aux responsabilités depuis 2004 à Bruxelles. A cet égard, depuis près de 15 ans les politiques menées, notamment, en termes de mobilité n’ont pu rejoindre nombreuses de nos propositions en la matière. Les études soulignent que la STIB doit travailler en priorité sur la qualité de son offre ce qui nécessitent des financements de plus en plus importants ! Or, combien de stations de métro ont été inaugurées ces dernières années ? Combien de nouvelles lignes ont été créées? Observe-t-on un mieux en matière de mobilité et d’intermodalité? En matière de modal shift?
Le MR n’a jamais été défavorable à un débat sur la politique tarifaire de la STIB. Je me permets néanmoins de rappeler qu’un usager de la STIB voit déjà son ticket subsidié en moyenne à plus de 50%. Un jeune de moins de 25 ans ou un Senior + de 65 ans paient, « au plus », leur abonnement respectivement 4 et 5 euros par mois, 50 ou 60 euros par an. « Au plus » car si un Senior de plus de 65 ans est reconnu par sa mutuelle comme pouvant disposer d’un statut BIM, la politique tarifaire de la STIB prévoit déjà la gratuité. Et si ce jeune de moins de 25 ans a moins de 11 ans, la politique tarifaire de la STIB prévoit aussi la gratuité.
Cette politique tarifaire ne doit pas être celle d’un « bon coup de comm » ou celle « des petits cadeaux » au détriment d’investissements importants pour Bruxelles… Pour le MR, cette politique tarifaire doit être juste pour tous et efficace par rapport aux défis du modal shift !
Dès l’instant où le gouvernement fixe de nouveaux critères de gratuité, cela ne sera évidemment pas sans conséquence sur les recettes propres de la STIB. L’article 59 du CDG prévoit d’ailleurs que la Région compense annuellement la STIB pour le manque à gagner en termes de recettes tarifaires. Sachant que le nouveau CDG s’applique pour les années 2019-2023, le gouvernement compte-t-il le modifier? Mais surtout, le gouvernement compte-t-il compenser intégralement cette perte ou partiellement? Je ne peux imaginer que cette décision de gratuité ait été prise sans avoir répondu à cette question! Si la dotation ne compense que partiellement, ce manque gagner, je ne vois que trois possibilités:
1Une augmentation du prix sur d’autres catégories de clients, comme le CEO de la STIB le conseillait dans un article? Sur qui? Quels tarifs? Sur les autres tranches d’âgé? Sur les travailleurs donc ? Sur la classe moyenne? Si c’est l’ambition du gouvernement, il faut le dire clairement. Mais cela ne me semble pas juste! Pour certains travailleurs et indépendants, l’abonnement de la STIB reste cher. D’autant qu’ils doivent, vu la faiblesse de l’offre dans certains quartiers, combiner ça avec d’autres dépenses en mobilité. Pour eux, rien n’est prévu, pas d’aide extérieure, pas de gratuité partielle. Encore moins de gratuité totale.
2Une diminution des investissements prévus par la STIB ? Quels projets seront mis de coté? Si cette nouvelle politique tarifaire engendre une baisse de la qualité de l’offre de la STIB, cela sera particulièrement injuste pour les clients captifs de la STIB.
3Des économies à l’intérieur même de la STIB? Lesquelles? Le MR plaide pour plus de personnels accompagnant dans les stations de métro… Où le gouvernement va-t-il faire des économies?
Le choix politique, cette politique tarifaire, doit être non seulement juste mais aussi efficace en participant notamment aux objectifs de modal shift, en augmentant la part modal de la mobilité douce et décongestionnant, ce faisant, nos routes… Mais aussi aux objectifs de sécurité routière…
Dans ce domaine, les études semblent montrer que cette politique n’impliquera pas de modal shift et n’augmentera pas la part modal de la mobilité douce.. Des projets similaires ont déjà vu le jour ailleurs, en Europe, comme en Belgique et ont été abandonnés.
Il y a quelques années, d’ailleurs, les plus de 65 ans ne payaient pas les transports en commun. Le 1er mai 2013, cette gratuité s’était transformée en un abonnement à 60 euros/ans. Une décision prise d’ailleurs par un Ministre Groen en charge de la mobilité. Quels nouveaux éléments ont fait faire marche arrière au gouvernement ? Grâce à cette gratuité totale, combien de + de 65 ans et de – de 25 ans prendront les transports en commun (et délaisseront leur voiture)?
La politique tarifaire de la STIB mérite un débat global à la lumière des investissements futurs, de l’élasticité aux prix et des politiques de soutien à celles et ceux qui ont le plus de difficultés… Parmi ceux-là, certains font tourner l’économie bruxelloise, paient des impôts mais ont de faibles revenus… ceux là, ces travailleurs, indépendants, commerçants, entrepreneurs ne sont pas soutenus… Pour ceux là aussi, la politique tarifaire actuelle est injuste et inefficace.
Réponse de la ministre de la Mobilité:
Pour le moment, il n’y a pas d’étude sur l’impact budgétaire et sur le modal shift. Le gouvernement est en train de négocier avec la Stib. Les réponses seront abordées lors des discussions budgétaires.