Tous les 3 mois, les Comités bruxellois s’engagent à mener une grande enquête, qu’ils appellent leur baromètre. La 1ère édition vient de sortir, vous la retrouverez ci-dessous.
Comme je le rappelle régulièrement, les Comités de Quartier, d’habitants ou de commerçants sont des acteurs essentiels de la politique locale. Ils connaissent le terrain et remontent des problématiques concrètes aux élus locaux. C’est pourquoi, je soutiens ce travail aussi bien sur la forme que sur le fond et je me permets de vous le relayer.
Les « 40 Comités » ont publié une lettre ouverte en août 2023.
Cette lettre était adressée au ministre-président de la Région bruxelloise et à plusieurs bourgmestres bruxellois.
Cette lettre était une plainte et reprenait trois thèmes :
– le manque de sécurité élémentaire dans les rues de beaucoup de nos quartiers bruxellois (insécurité des rues et des gares, trafic de drogue, agressions physiques dans les rues, vols, agressions verbales et intimidations). L’absence de cette sécurité de base mine la cohésion sociale de notre ville et la rend invivable.
– le manque de propreté dans les rues et les gares : Bruxelles n’a jamais eu la réputation d’être une ville propre, mais ces derniers mois, certaines gares et rues ressemblent à des décharges.
– l’augmentation de la pauvreté visible dans les espaces publics et la demande de mesures sociales supplémentaires : sans-abri, toxicomanes, prostituées, mendiants, alcooliques, vagabonds….
Suite à cette lettre, une délégation des 40 Comités a été reçue par le ministre président, ainsi que les ministres régionaux Alain Maron, Elke Van Den Brandt et Sophie Lavaux pour discuter de nos préoccupations. Le ministre président a alors proposé de maintenir le dialogue et de se revoir. Une deuxième réunion est prévue pour le 5 février.
Entre-temps, les 40 comités ont décidé de réévaluer la situation dans leurs rues bruxelloises.
Tous les comités ont été interrogés à ce sujet. Nous appelons le résultat de cette enquête notre baromètre, que nous publierons tous les trois mois.
Voyons-nous une différence dans l’état des rues et des stations/gares de Bruxelles si nous comparons août 2023 avec le début du mois de décembre ?
Notre réponse est non. Les abus continuent ; il n’y a pas de différences majeures par rapport au mois d’août en ce qui concerne nos 3 domaines de préoccupation.
C’est une tendance que les 40 Comités réunis confirment (même s’il y a de petites différences par quartier). Le récent règlement de compte à l’Avenue de la Toison d’Or impliquant des passants est une nouvelle étappe dans la violence liée à la drogue. Plusieurs mois ont donc été perdus sans qu’aucune amélioration visible n’ait été apportée et nos frustrations sont toujours aussi grandes.
Le but de notre action est toujours que la Région reconnaisse ces 3 problèmes et lance, en collaboration avec les différents bourgmestres, un projet coordonné au-delà des frontières communales et avec les moyens financiers nécessaires, qui sont débloqués spécifiquement à cet effet. La situation actuelle est indigne d’une ville (capitale) et ne peut plus durer.
Certains des 40 comités ont décrit plus en détail la situation dans leur quartier, chacun avec ses propres accents et dans ses propres termes (sans ordre particulier) :
Comité du Quartier Maritime, Molenbeek : le sentiment d’insécurité dans les rues et à la station de métro Ribaucourt persiste. Les gens n’osent pas utiliser la station de métro la nuit à cause des consommateurs de drogue, des trafiquants de drogue, de l’intimidation et des agressions possibles. La drogue est vendue en public, souvent par des mineurs. De meilleurs arrangements sont nécessaires avec le système judiciaire pour réprimer les trafiquants de drogue. On remarque que quand il y a des agents de sécurité de la STIB dans la station, les drogués et trafiquants disparaissent, mais ils reviennent aussitôt. En termes de propreté, les habitants constatent une différence entre les rues de Molenbeek, de Bruxelles et de Jette. Les rues de Molenbeek sont plus sales, notamment à cause des décharges clandestines. L’association de quartier prévoit une interpellation citoyenne pour demander des explications aux autorités communales de Molenbeek sur le projet de la nouvelle salle de consommation de drogue à risque réduit. Des questions se posent quant aux conditions de fonctionnement de cet espace et aux effets sur l’environnement immédiat de l’espace d’utilisation.
Green Connections, Anderlecht :
Depuis le « nettoyage » de la gare du Midi, de plus en plus de personnes campent autour de la porte d’Anderlecht et devant les portes des maisons…. uriner, dormir, manger,… à la place Bara, tout est encore plus sale qu’avant.
Les déchets laissés à la porte d’Anderlecht sont toujours aussi nombreux. Nous avions également un taux de criminalité plus élevé en été avec des vélos et des téléphones portables volés et ces jeux bizarres que les jeunes font pour voler votre portefeuille, mais en hiver, c’est moins le cas. Le nombre de camionnettes blanches sur le terre-plein central continue également d’augmenter.
Commission Liedts/Lehon, Schaerbeek : aucune différence avec août 2023. Les rues sont sales. La pauvreté est flagrante dans les rues, même si elle est un peu moins visible en hiver en raison du temps humide et froid. Quant à l’augmentation de la pauvreté visible et aux réfugiés masculins errants à qui l’on refuse un abri : il ne s’agit généralement pas de « cas à problèmes » au sens de toxicomanes ou de criminels, mais ils sont poussés dans cette direction par les circonstances. Dans les environs de la gare du Nord, nous en voyons beaucoup.
Les exploitants et habitants des péniches du bassin Beco, Bruxelles : la situation n’a pas changé en mieux. Nous avons moins de toxicomanes lourds mais toujours autant de sdf et surtout des gens qui viennent la nuit dans des voitures pour mettre la musique à fond et respirer du gaz hilarant, lorsqu’ils partent ils laissent toujours leurs bouteilles de gaz par terre, leurs canettes de redbull ou de coca et autres emballages de nourriture, ballons en plastique et mouchoirs un vrai dépotoir ! ! Les quais sont nettoyés régulièrement mais salis aussi vite !
Tentatives d’intrusion et d’effraction dans les péniches. On félicite la police pour la rapidité de leurs interventions.
Quartier Triangle / Square de l Aviation, Anderlecht : En termes de violence et de nuisances, notre quartier est devenu légèrement plus calme. Cela est principalement dû à la météo (moins de personnes traînant dans les rues) et au centre d’accueil pour sans-abri, qui fait également l’accueil en journée en hiver et n’envoie plus des centaines de sans-abri dans nos rues en journée. Mais aussi parce qu’il y a plus de patrouilles (récemment aussi : un combi vide garé sur la place).
L’espace public est toujours en très mauvais état, et il y a très peu de communication sur les moyens de l’améliorer.
La berme centrale de l’avenue Poincaré est plein de déchets, comme toujours, et la situation s’y est détériorée.
Comité du Quai aux Foins et Pierres de Taille, Bruxelles : avec le mauvais temps, c’est plus calme pour l’instant. Il y a encore des petits groupes d’hommes mais ils ne causent pas ou peu de nuisances. Il y a moins de consommation d’alcool ou de drogue. Seul le fait d’uriner en public reste un problème.
Comité quartier nord Victoria Régina , Saint-Josse : légère amélioration au niveau d’ insécurité, propreté, pauvreté. Pour ce qui est du changement que nous pouvons relever , c’est qu’il y a une opération de la police fédérale en cours concernant la traîte des humains au sein de la prostitution et qui a abouti à la fermeture de certains de ces lieux , mais que nous surveillons de près. Nous avons appris que la justice leur donnerait l’autorisation de réouvrir , ce que nous trouvons tout-à-fait incompréhensible et inacceptable . De plus nous avons toujours une grande présence de toxicomanes et de réfugiés qui traînent dans les rues à toutes heures . Mais nous devons reconnaître que certaines zones ( rues ) très limitées se sont améliorées. A l’inverse, la situation de beaucoup de rues est restée inchangée . Nous prévoyons des interpellations citoyennes auprès du conseil communal de Saint-Josse.
Comité Porte d’Anderlecht, Bruxelles (Pour le quartier Anderlecht Porte, nous nous intéressons principalement au périmètre qui n’est pas couvert par d’autres associations. En d’autres termes, le terre-plein central à gauche et à droite du Musée des Egouts, les rues de 1000 Bruxelles de la petite ceinture (terre-plein central) délimité par le Jardin des Fleurs et la Place Anneesens) : Globalement, nous pouvons dire qu’il n’y a pas de différence entre le 23 août et aujourd’hui. Notre appréciation est donc la même pour les deux périodes. Le manque de propreté, la pauvreté, l’alcoolisme gangrènent notre quartier. Dans cette partie de Bruxelles, nous distinguons deux zones à problèmes et deux problèmes plus généraux. La première zone à problèmes concerne le terre-plein central de la petite ceinture. Des commerces illégaux s’y déroulent, des gens y vivent, c’est un dépotoir. Plus d’éclairage, des parcmètres en état de marche dans les deux zones et l’activation de cette zone pour le voisinage peuvent résoudre ce problème. La deuxième zone concerne le Samusocial dans le Petit Rempart. Les nuisances (même si l’on essaie de les limiter) sont les chiens qui aboient, les sirènes qui retentissent plusieurs fois par jour, les gens qui errent dans les rues, la consommation de drogue. Nous ne discutons pas le fait que le Samusocial ne pourrait pas s’établir à cet endroit ; il s’agit seulement de mieux lutter contre les nuisances de la rue pour le quartier.
De plus, comme partout à Bruxelles, il y a un manque de propreté et de respect des espaces publics. Le trafic de drogue visible sur la chaussée de l’Anderlecht, dans les salons de thé et aux coins des rues, est un réel problème avec les nuisances correspondantes.
Les Marchands du Marché aux Porcs, Bruxelles : encore plus de nuisances dues aux alcooliques sur les trottoirs pendant le mois de décembre, car leur place habituelle est occupée par les Plaisirs d’Hiver.
Habitants de l’ Héliport, Bruxelles : peu de changement au niveau de insécurité, propreté, pauvreté. Un changement majeur – l’installation de caméras au niveau du Quai du Batelage – a considérablement réduit le nombre de déchets clandestins ainsi que la présence de personnes en errance.
Comité Jardin des Fleurs, Bruxelles : la consommation et le trafic de drogue restent très présents dans les espaces publics. Les dépots clandestins constituent un contingent que les services municipaux tentent de contrôler. Pour l’instant, il y a moins de sans-abri dans les rues ; ils se déplacent probablement en raison du temps froid et humide de ces dernières semaines.
Comité de Meersman Cureghem – Comité Vigilance Cureghem, Anderlecht : pas d’amélioration dans nos quartiers…. agressions, vols et intimidations dans les rues, trafic de stupéfiants sur la voie publique surtout -mais pas limité- à la Place du Conseil devant l’hôtel communal, autour du métro Clemenceau et près de la gare du Midi, cambriolages….les commerces clandestins qui ne respectent pas les règles de l’urbanisme ne sont pas poursuivis….Taxis clandestins pres de la gare du Midi…Les toxicomanes et les sans-abri sont omniprésents ; le « nettoyage » de Bruxelles-Midi n’a rien résolu pour nous…
Le sentiment de pauvreté est omniprésent. Près de la gare du Midi il y a une association pour MENA, MACADAM, qui pour nous (les riverains) gère très mal ce public. Idem avec le SAMU social qui n’est pas très loin. Nous pensons que les politiciens doivent mieux réfléchir quant à l’emplacement de ces centres. Ce n’est jamais près de chez eux mais toujours dans les quartiers populaires, précarisés.
Interpellations citoyennes sont prévues lors des prochains conseils communaux d’Anderlecht sur les thèmes de l’insécurité et du manque de propreté.
Comité Alhambra, Bruxelles :
- Malgré les efforts de la police, le métro Yser reste problématique en termes de consommation de drogues. Peu de choses ont changé depuis l’été dernier. Quelques squats ont été fermés, ce qui a eu un effet direct sur la présence de junkies dans les rues.
- La situation des hommes qui boivent de l’alcool toute la journée sur les Quai aux Foins et Pierres de Taille n’a pas changé non plus, même si ils sont devenus un peu moins visibles en raison du mauvais temps de ces dernières semaines.
ATF (asbl Autour du Four), PPCV(Potager Partagé) et Boost centre asbl, Molenbeek :
Du point de vue sécurité, pas d’amélioration dans nos rues et les raisons principales :
1- une arrivée encore soutenue de transmigrants
2- des gens qui dorment sur le trottoirs et en dessous du pont Jubilé -Bockstael ; situation qu’on dénonce depuis cinq ans.
Shopera – Association des commerçants du centre-ville de Bruxelles :
- Manque de visibilité de la police dans le centre ville.
- Maque de verbalisation des passants qui jetent leurs déchets (mégots pour la majorité)
- Manque de réelle prise en charge de la problématique des vols par des sans papiers
Comité Yser/Sainctelette, Bruxelles : En matière de sécurité, nous ne voyons pas d’amélioration…. La drogue se vend toujours publiquement dans les rues et dans le métro Yser ; agressions et intimidations fréquentes dans les rues avec ou sans armes blanches ; cambriolages d’immeubles, de voitures… vitres de voitures brisées … Les attentats de Sainctelette n’ont pas amélioré le sentiment de sécurité. (Nous pensons que le fait que les attaques se soient produites à Sainctelette est lié au problème structurel de congestion de ce carrefour qui n’est toujours pas résolu. Il est plus facile de tirer sur des voitures à l’arrêt que sur des voitures en mouvement. Et à ce carrefour sursaturé de trafic, tout le monde est toujours à l’arrêt aux heures de pointe). Nos rues restent sales ; les boulevards de la petite ceinture et le Square Sainctelette lui-même – relevant d’une compétence régionale – sont nettement moins bien entretenues que les rues dont la Ville est responsable. Les toxicomanes, les sans-abri, les mendiants, les transmigrants sont toujours présents dans nos rues. En raison du mauvais temps de ces dernières semaines, la station de métro Yser est plus souvent utilisée comme abri qu’auparavant, tout comme la station Porte de Namur et la station de la Porte de Hal. Certains habitants du quartier évitent donc la station de métro Yser et préfèrent se rendre à pied à la station de métro Rogier la plus proche.
Interpellations citoyennes en préparation dans les communes suivantes : Saint Josse, Anderlecht, Bruxelles.
Pour les 40 Comités :
Quartier Saint Jacques asbl, Bruxelles, Shopera – Association des commerçants du centre de Bruxelles, Comité LeKaai – Bruxelles (ACP Canal Wharf-ACP Waterside- ACP Riva- ACP Up-Site), Comité Alhambra – Bruxelles, BOB361 Architects, Comité de Meersman Cureghem, Comité Vigilance Cureghem, Les exploitants et les habitants des péniches du bassin Beco, Comité BRU 1000, Comité du Marché aux Porcs, les ACP’s du Héliport 1, 2 & 3, ACP Brel, Rempart44 co-work, Comité de quartier Minoterie – Molenbeek, Comité de Quartier du Jardin des Fleurs, Bruxelles, Les habitants du Quai aux Foins et du Quai aux Pierres de Taille – Bruxelles, Les Commerçants du Marché aux Porcs – Bruxelles, Comité de Quartier Le Maritime – Molenbeek, Association des Commerçants Downtown Dansaert – Bruxelles, Green Connections – Anderlecht, Zone Foirée – Anderlecht, CLS Cosmos – Anderlecht, CLS Harmonie – Bruxelles, CLS Forum – Bruxelles, CLS Het Anker – Brussel, CLS Miro – Foret, CLS Vives – Bruxelles, Comité de Quartier Porte d’ Anderlecht, ATF Asbl (Autour du four)- Molenbeek, PPCV Asbl (Potager Partagé – Coulée Verte) – Molenbeek, Triangel30Triangle – Anderlecht, Maison de Quartier Bonnevie – Molenbeek,VZW Gemeenschapscentrum Ten Noey (Sint Joost ten Node), Comité Liedts-Lehon – Schaerbeek, Association des Commerçants du Quartier Breughel et des Marolles – Bruxelles, Comité du Nord Victoria Regina – Saint Josse, Comité Weldadigheidsstraat/ Rue de la Bienfaisance – Saint Josse, Association de Quartier Vlaamse Steenweg – Bruxelles, Développement Social du Quartier Botanique – Saint Josse, Les amis des Etangs d’ Ixelles – Ixelles, Comité Yser/Sainctelette – Bruxelles.
Avec le support de : EXKi Bolivar – Schaerbeek, EXKi Rue Neuve – Bruxelles, EXKi Porte de Namur – Ixelles.