Le réaménagement du Rond-Point Schuman est et reste un sujet qui me tient à coeur. J’ai plaidé à de nombreuses reprises notamment pour une meilleure gestion de la mobilité, plus de vert et surtout une meilleure concertation citoyenne.
Les lignes commencent à bouger, la commission de concertation du 17 novembre 2020 a rendu un avis favorable sous 24 conditions.
Retour sur ma dernière question en date du 27 avril dernier au Parlement bruxellois, à la Ministre de la Mobilité. Celle-ci portait sur la modification du projet en tenant compte de ces conditions de l’avis de la Commission de concertation.
Retrouvez l’échange complet ci-dessous.
M. David Weytsman (MR).- En janvier 2021, je vous interrogeais sur les suites données à l’avis de la commission de concertation du 17 novembre 2020 concernant le projet de réaménagement du rond-point Robert Schuman. Pour rappel, cet avis est favorable, moyennant 24 conditions. Je vous demandais alors quelle était votre position à cet égard. Vous m’aviez répondu que Bruxelles Mobilité était en pleine rédaction de réponses aux conditions de l’avis.
De nombreux mois se sont écoulés depuis le 17 novembre 2020. Dès lors, je souhaiterais connaître les adaptations concrètes du plan prévues pour répondre aux conditions suivantes de l’avis :
– apporter les détails relatifs à la structure de l’auvent : la stabilité et l’épaisseur du revêtement réfléchissant, la manière dont il est assemblé, son entretien, sa réverbération de la lumière, sa mise en lumière la nuit, le sentiment perçu sous l’auvent… Je me permets de rappeler les interrogations subsistant autour de ce projet d’auvent. Il y a d’abord le risque qu’il bloque la perspective ou vieillisse mal, qu’il soit difficile à entretenir et qu’il empêche les rassemblements et manifestations au cœur du quartier Schuman. Il y a également la peur qu’il ne confère un caractère trop minéral au projet dans sa globalité ;
– apporter les détails techniques (plans de coupe) sur le raccordement du réseau d’eau de pluie, au niveau tant des jardinières de pleine terre que de celles posées sur les ouvrages d’art souterrains. Vous savez que je plaide pour que ce projet soit moins minéral. Je ne souhaite pas faire du rond-point Robert Schuman une seconde place Rogier ou place Flagey ! Je souhaite naturellement qu’il soit embelli, mais il est déjà vert. Il convient donc surtout de le verduriser davantage, de le fleurir et de le rendre plus beau. Je sais que nous partageons cette ambition. Au final, qu’est-il prévu concrètement ?
– préciser comment s’organisent les entrées et sorties depuis/vers les accès des bâtiments, ainsi que la circulation des véhicules autorisés, en particulier du côté du bâtiment Juste Lipse. La circulation vers, dans et depuis le rond-point reste une préoccupation majeure, car elle pourrait générer des difficultés dans le quartier et des problèmes de sécurité pour les institutions ;
– raccorder la piste cyclable de la rue Stevin à celle de l’avenue de Cortenbergh ;
– apporter plus de garanties quant à l’efficacité de la gestion des feux de signalisation sur l’avenue de Cortenbergh. Est-ce possible ?
– apporter des précisions sur la gestion du cul-de-sac de la rue Froissart. Qu’en est-il ?
– prévoir une accessibilité pour les personnes à mobilité réduite au centre du plénum en venant de la Petite rue de la Loi, donc au nord. Qu’en est-il ?
– prévoir des dispositifs de guidance pour les malvoyants, intégrés au projet.
Concernant l’importante question de la mobilité et du report du trafic de transit sur les quartiers plus résidentiels, vous m’aviez répondu que nous pourrions disposer des résultats d’une étude de trafic – encore une étude – au début de l’année 2021. En disposez-vous et que nous apprennent-ils ? C’est important pour les riverains et les communes voisines du projet. Pouvons-nous disposer de ladite étude ?
Par ailleurs, après la publication de l’avis de la commission de concertation, avez-vous pris contact avec toutes les parties prenantes, à savoir urban.brussels, la Ville de Bruxelles, la commune d’Etterbeek, les comités de quartier, etc. ? Dans quel sens le projet a-t-il évolué à la suite de ces éventuels échanges ?
Disposez-vous d’éléments supplémentaires concernant la temporalité du projet ? Je me suis permis d’adresser également ma question au secrétaire d’État pour qu’il puisse vous fournir l’ensemble des réponses qui relèvent de ses compétences.
Mme Elke Van den Brandt, ministre.- Le permis d’urbanisme a été introduit le 26 avril 2019 et des éléments complémentaires ont été déposés le 13 décembre 2019. Le dossier a été déclaré complet le 12 juin 2020. Des précisions sur cette temporalité pourront être apportées lorsqu’urban.brussels aura délivré les conditions visées à l’article 191. Bruxelles Mobilité devrait y répondre dans les deux mois, mais ne peut pas encore se prononcer avec certitude, tant les éléments dépendent d’urban.brussels. Les procédures régulières sont en cours et se poursuivent.
Dans l’attente de la délivrance des conditions visées à l’article 191 par urban.brussels, Bruxelles Mobilité a toutefois anticipé des éléments complémentaires qui nous seront probablement demandés. Nos services internes analysent ces éléments, dont certains seront conditionnés à l’article 191.
Actuellement, Bruxelles Mobilité n’est pas en mesure de se prononcer sur la question relative à la structure de l’auvent et celle sur le réseau d’eau de pluie. Il est toutefois certain que des précisions seront apportées sur la structure de l’auvent. Quant à la deuxième question, des précisions seront apportées si les conditions visées à l’article 191 le requièrent.
Lors d’une réunion organisée en février 2021, Bruxelles Mobilité a rediscuté de la gestion du cul-de-sac de la rue Froissart avec la Ville de Bruxelles, qui est à l’origine de cette remarque, ainsi qu’avec urban.brussels. Cette rencontre a permis de lever l’incompréhension qui posait problème.
Un plan précis des circulations locales illustrera les flux des automobiles, et ce, tant pour les entrées que les sorties.
En ce qui concerne le raccordement de la piste cyclable de la rue Stevin à celle de l’avenue de Cortenbergh, Bruxelles Mobilité s’y attellera si les conditions de l’article 191 délivrées par urban.brussels le requièrent
Une note de mobilité détaillera le fonctionnement des feux de signalisation sur l’avenue de Cortenbergh dans la situation du projet. De plus, les plans seront adaptés afin d’assurer l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite au centre du plénum depuis la petite rue de la Loi. Quant aux dispositifs de guidance pour les malvoyants, ils sont déjà repris dans nos plans et ils y seront mis en évidence.
L’étude de trafic est toujours en cours de finalisation. Les résultats et la mise à jour des données seront fournis dans la réponse d’urban.brussels à l’article 191, si celui-ci le requiert. Je m’attends à une telle demande, raison pour laquelle l’étude a déjà été réalisée. Les premiers résultats ont été présentés à la commune d’Etterbeek et seront prochainement transmis à la Ville de Bruxelles.
L’étude expliquera comment le projet de réaménagement du rond-point Robert Schuman, de l’avenue de Cortenbergh et de l’avenue de la Joyeuse Entrée s’inscrit dans le plan régional de mobilité Good Move et dans le contexte des éléments suivants, qui sont étroitement interdépendants :
- la mise en œuvre de réseaux structurés et efficaces pour les différents modes de déplacements, suivant le principe STOP ;
- la transformation d’entrées de ville en boulevards urbains, le projet Parkway-E40 ;
- l’éventuelle mise en place des autres éléments ;
- la mise en œuvre de mailles apaisées sur l’ensemble du territoire régional et autour du projet en particulier, c’est-à-dire les mailles Ambiorix-Plasky, Europe, Luxembourg-Jourdan, Porte de Tervueren et Van Meyel ;
- et la mise en œuvre de la ville 30.
L’étude présentera également des chiffres de mobilité plus actuels – ceux de 2019, 2020 et 2021 -, car ceux présentés dans le rapport d’étude d’incidences dataient de 2014 et étaient issus de la base de données Irma pour l’actualisation du trafic sur le rond-point Schuman depuis le tunnel E40. L’étude se focalisera ensuite sur les nœuds suivants : les carrefours entre la rue Belliard et la rue Froissart, entre la rue Belliard et la chaussée d’Etterbeek, entre la chaussée d’Etterbeek et la rue Van Maerlant, et entre la chaussée d’Etterbeek et la rue Joseph II.
En guise de premières conclusions et dans le respect du schéma de mailles ainsi que du plan régional de mobilité Good Move, le report du trafic sud-nord ne devrait plus se faire via la chaussée d’Etterbeek, mais principalement par la rue de la Loi, via la bretelle de tunnel Auderghem-Loi, la Petite ceinture et la chaussée de Louvain, sur les bords de maille Ambiorix-Plasky.
Les données extraites de la circulation dans les tunnels E40 en 2019 montrent que l’heure de pointe est aussi intense qu’en 2014, aux dates de nos comptages sur le rond-point Schuman. Toutefois, les simulations réalisées en tenant compte des scénarios les plus pessimistes montrent une augmentation possible de la congestion au carrefour Van Maerlant, sur la chaussée d’Etterbeek.
Cependant, les feux de signalisation peuvent être adaptés à ce carrefour de façon intelligente tout en conservant une capacité suffisante face à ce scénario. Un scénario de maintien du statu quo, dans lequel aucune mesure du plan Good Move n’est mise en œuvre, n’est pas envisageable.
Ces observations sont à nuancer par la mise en œuvre des projets de transformation de l’entrée de ville en boulevard urbain, de Smart Move, des mailles apaisées, de la ville 30 et de Good Move en général. Elle permettra de réduire considérablement le volume de trafic dans ce périmètre.
Des contacts ont été organisés avec urban.brussels, la Ville de Bruxelles et la commune d’Etterbeek. Lors de notre réunion, les remarques et propositions ont été clarifiées : les véhicules venant de la rue Froissart vers le rond-point Schuman devront obligatoirement tourner à gauche vers la rue Juste Lipse tandis que les riverains y possédant un accès carrossable ou qui souhaitent stationner entre la rue Juste Lipse et le rond-point Schuman devront effectuer une manœuvre pour faire demi-tour.
Depuis cette réunion, les études sont toujours en cours de finalisation, mais nous avons déjà présenté les résultats temporaires. La verdurisation du rond-point reste importante et nous discutons de sa mise en place, qui dépend à nouveau de l’article 191. Nous souhaitons améliorer sérieusement cet aspect tout en tenant en compte du sous-sol.
M. David Weytsman (MR).- Vous avez cité à plusieurs reprises les articles 191 et 199. Pouvez-vous m’expliquer leur portée ?
Mme Elke Van den Brandt, ministre.- L’article 191 du Code bruxellois de l’aménagement du territoire (Cobat) fait référence aux modifications à la demande de permis qu’urban.brussels ou le gouvernement pourraient imposer à Bruxelles Mobilité. Imaginons que Bruxelles Mobilité introduise une demande de permis. Après enquête publique et une fois toute la procédure terminée, urban.brussels fixe les conditions de l’article 191 auxquelles il faut répondre. Urban.brussels peut imposer, par exemple, plus d’éléments pour les personnes à mobilité réduite (PMR) ; ceux-ci doivent être ajoutés au projet. Voilà en quoi cet article est important.
Urban.brussels exerce, en quelque sorte, un contrôle indépendant sur le projet. Toutefois, à la lecture des conclusions de l’enquête publique, nous pouvons déjà prévoir les conditions qui pourraient figurer dans ledit article 191.
M. David Weytsman (MR).- Ma question a des répercussions politiques, car, selon moi, le projet initial était mauvais. Dès le début, vous avez montré votre volonté de l’améliorer. Je voudrais simplement m’assurer que votre volontarisme ne dépend pas uniquement d’urban.brussels. En effet, la personne qui chapeaute cette administration est également celle qui est à l’origine du projet. Je voudrais donc que vous ayez les pleins pouvoirs dans ce dossier et que vous puissiez compter sur toutes les compétences possibles pour améliorer largement ce projet. En effet, lors de nos premiers échanges, vous vous étiez engagée à améliorer la verdurisation d’un projet bien trop minéral. Malheureusement, c’est sans doute la marque de fabrique de votre prédécesseur.
Par ailleurs, j’entends vos réflexions et les partages de réflexion en cours sur les études, dont celle de mobilité. Ces informations pourraient-elles être communiquées aux comités de quartier et de commerçants, qui sont très actifs et soumettent des propositions constructives depuis le début du projet, et à notre commission ? Il s’agit pour nous de comprendre si des reports éventuels sur les quartiers résidentiels pourraient être supprimés par le biais de modifications de panneaux ou de feux de signalisation.
Dans ladite étude, un point concerne spécifiquement l’avenue de la Joyeuse Entrée. Cet axe plutôt calme a été transformé en autoroute urbaine. Vous y avez fixé la vitesse maximale à 50 km/h alors qu’il aurait fallu en faire une zone 30. Il s’agit de l’entrée du parc du Cinquantenaire et cette zone 30 est une priorité tant pour les habitants que pour les cyclistes. Pour ma part, je traverse très régulièrement le parc à vélo et je puis vous assurer que ce serait beaucoup plus agréable si l’axe joignant l’avenue de la Joyeuse Entrée et la Petite rue de la Loi n’était pas transformé en autoroute urbaine.
Mme Elke Van den Brandt, ministre.– Si un recours est déposé à l’article 199, nous sommes obligés d’y répondre. Évidemment, nous pouvons toujours adapter la structure du projet, mais il faut respecter l’élément que constitue cet article. Sur ce point, nous prévoyons des adaptations et nous les défendrons. Par exemple, si ce qui a trait aux personnes à mobilité réduite (PMR) ou à la verdurisation ne figure pas dans cet article, nous allons quand même le proposer. Pour l’instant, j’attends cet article afin de pouvoir aller de l’avant.
Nous venons de clôturer la procédure d’enquête publique. Dès que des adaptations au projet auront été apportées, il est logique que nous les soumettions également au public, mais il est trop tôt. Si j’évoquais maintenant telle ou telle adaptation, cela risquerait de créer de la confusion. Attendons et prévoyons un moment pour le faire de sorte que cela soit bien clair. Nombreux sont ceux qui attendent le projet définitif. Là aussi, nous espérons pouvoir communiquer un calendrier plus précis des travaux et de la mise en œuvre.