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Récemment, j’ai interrogé le Ministre de la Santé de la COCOM sur le soutien apporté aux médecins généralistes, qui sont en première ligne dans la gestion de la santé mentale de leurs patients.

Premièrement, le Ministre nous apprend que deux cercles de médecine générale de Bruxelles entament la mise en œuvre de cycles de formation en santé mentale et psychiatrie à l’attention des médecins généralistes.

Concernant le transfert de données des spécialistes vers les généralistes, le Ministre nous explique que cela est à l’appréciation du patient. Ainsi, le médecin spécialiste demande normalement à son patient s’il souhaite que l’on tienne au courant son médecin généraliste. Dans l’affirmative, quelles informations peuvent lui être transmises. Selon le Ministre toujours, ce serait l’une des raisons pour lesquelles ce problème est complexe et peut générer beaucoup de difficultés et de malentendus.

Par ailleurs, le Ministre m’a répondu que la structure d’appui à la première ligne de soins Brusano avait été mandatée pour mettre en œuvre, en collaboration avec les acteurs de la santé mentale, un modèle d’organisation de concertation multidisciplinaire avec le patient en souffrance psychique. L’objectif est de proposer aux patients un meilleur accès à une concertation multidisciplinaire efficace et de qualité. Il doit en outre favoriser le décloisonnement des secteurs, l’intersectorialité ainsi que les soins intégrés et centrés sur la personne.

Le Ministre a également évoqué la création d’un centre d’appels pour les crises psychiques en appui des médecins généralistes. Celle-ci fait l’objet d’une évaluation au sein d’un groupe de travail à la PFCSM. Il n’a pas pu m’en apprendre davantage sur le calendrier.

 

Ci-dessous, mon échange complet avec le Ministre:

M. David Weytsman (MR).- Les constats sont connus. Ils ont été posés par le livre noir de la santé mentale, que je cite : « le médecin généraliste bruxellois est confronté aux enjeux démographiques de Bruxelles qui a vu sa population passer de 950.000 habitants à 1,2 million en 20 ans, le multiculturalisme qui pose la question de la culture et de la langue de soins mais aussi de l’approche de la première ligne, inexistante dans certains pays d’émigration, une pénurie de généralistes dans certaines communes et une offre psychiatrique insuffisante pour soutenir la première ligne. »

Douze recommandations en sont issues, la première étant de reconnaître le rôle incontournable du médecin généraliste comme gestionnaire de la santé mentale en première ligne.

Je souhaiterais dès lors faire le point sur les recommandations et initiatives visant à renforcer la première ligne, en particulier en soutenant davantage les médecins généralistes confrontés – souvent seuls – à des problèmes lourds en santé mentale, surtout dans le contexte actuel de crise sanitaire.

Ces recommandations énoncent notamment les objectifs suivants :

  • systématiser le retour d’information des médecins spécialistes vers leurs confrères généralistes qui leur ont référé un patient ;
  • organiser des rencontres locales entre les multiples structures et intervenants concernés par les problèmes de santé mentale ;
  • soutenir le renforcement de la coordination des différentes structures d’aide sociale et psychologique ;
  • mettre à disposition des médecins généralistes un service d’appui accessible en fonction des heures de cabinet, et ce sur l’ensemble du territoire bruxellois. Animé par des acteurs disposant de l’expertise nécessaire pour un aiguillage fin, ce service disposerait d’un numéro unique réservé aux professionnels de la santé, dont les généralistes. Il a pour objectif de contribuer à l’évaluation, à l’orientation et à la prise en charge la plus appropriée du patient, parfois dans l’urgence ;
  • promouvoir, éventuellement par le biais d’appels à projets, la multidisciplinarité qui conjugue les efforts des professionnels des soins et de l’aide à la personne.

Pouvez-vous nous présenter un état des lieux de la situation et de vos actions en la matière pour chacun de ces objectifs ?

M. Alain Maron, membre du Collège réuni.- S’agissant des retours d’information des médecins spécialistes vers les médecins généralistes, le dossier médical partagé et l’échange d’informations en psychiatrie posent toute une série de questions éthiques en lien avec le respect du droit des patients et de leur vie privée.

Le patient qui consulte en psychiatrie, même s’il a été référé par son médecin généraliste, n’a pas toujours envie que ce dernier en soit informé, et c’est son droit. Par conséquent, cette transmission d’informations – et les proportions parfois inégales dans lesquelles elle se déroule – nécessite le consentement du patient. Dès lors, il est de la responsabilité du spécialiste de transmettre l’information à son patient et de l’interroger quant au relais vers son médecin généraliste.

On constate qu’en règle générale, lorsqu’il y a connaissance d’un médecin généraliste, le médecin spécialiste envoie bien un rapport au médecin référent, rapport reprenant l’anamnèse clinique, les prescriptions de médicaments, les orientations et accompagnements proposés au patient. Autrement dit, le spécialiste, qu’il exerce en service de santé mentale (SSM) ou en milieu résidentiel, demande normalement de manière systématique à son patient s’il souhaite que l’on tienne au courant son médecin généraliste et, dans l’affirmative, quelles informations peuvent lui être transmises. C’est l’une des raisons pour lesquelles ceproblème est complexe et peut générer beaucoup de difficultés et de malentendus.

En ce qui concerne l’organisation de rencontres locales entre les structures et intervenants concernés par les problèmes de santé mentale, les quatre antennes 107 – Norwest, Bruxelles-Est, Hermes plus et Rézone -, considérablement renforcées dans le cadre du plan de relance en Commission communautaire commune (Cocom), permettent une meilleure collaboration entre les médecins généralistes et les médecins spécialistes.

Ces antennes, conformément au paradigme clinique du rétablissement en santé mentale, appréhendent le soin dans une approche intégrée du social et de la santé. Sur un territoire donné, elles identifient et fédèrent de nombreux acteurs et structures hospitalières et de première ligne, afin de faciliter le travail en réseau et la concertation clinique multidisciplinaire.

Au sein de l’antenne Norwest par exemple, des projets sont en cours d’élaboration entre les institutions hospitalières du réseau Iris et les médecins généralistes. Ces collaborations permettent la mise à disposition de plages de consultations ponctuelles en psychiatrie à la demande du médecin généraliste pour la pose d’un diagnostic ou des propositions de traitement et d’accompagnement. Par ailleurs, les deux cercles de médecine générale de Bruxelles entament la mise en œuvre de cycles de formation en santé mentale et psychiatrie à l’attention des médecins généralistes. Ces cycles de formation s’organisent avec l’appui de la Plate-forme de concertation pour la santé mentale en Région de Bruxelles-Capitale (PFCSM).

Citons également l’événement annuel « Semaine de Rézone », qui permet aux structures social-santé du sud de Bruxelles de se rencontrer en organisant des portes ouvertes des services. De telles initiatives renforcent la confiance entre les structures et le travail en réseau qui en découle, notamment entre les services de santé mentale, les maisons médicales, les plannings familiaux, les services d’aide en assuétude, etc. Il en est de même pour les structures de prise en charge sociales. Ces coordinations ont également pour objectif l’inclusion sociale des usagers et sont régulièrement en contact avec les CPAS et les coordinations sociales du territoire sur lesquels les antennes fonctionnent.

Par ailleurs, la structure d’appui à la première ligne de soins Brusano a été mandatée pour mettre en œuvre – en collaboration avec les acteurs de la santé mentale – un modèle d’organisation de concertation multidisciplinaire avec le patient en souffrance psychique. Ce modèle a pour objectif de proposer aux patients un meilleur accès à une concertation multidisciplinaire efficace et de qualité. Il doit en outre favoriser le décloisonnement des secteurs, l’intersectorialité ainsi que les soins intégrés et centrés sur la personne.

J’en viens à présent à la mise à disposition des médecins généralistes d’un service d’appui accessible en fonction des heures de consultation et sur l’ensemble du territoire bruxellois. Dans le cadre des projets de développement des équipes mobiles de crise du réseau 107, et ce notamment en lien avec la gestion des services d’urgences psychiatriques, la question de la création d’un centre d’appels pour les crises psychiques en appui des médecins généralistes est envisagée et fait encore l’objet d’une évaluation au sein d’un groupe de travail à la PFCSM.

M. David Weytsman (MR).- Le centre d’appels envisagé répond à une demande formulée par le secteur depuis longtemps. Il est d’autant plus nécessaire face à l’afflux de patients qui se rendent dans les cabinets des médecins généralistes, pas toujours pour des problèmes de santé mentale, au départ. Le secteur appelle à l’aide et demande que ce centre d’appels soit mis en place le plus rapidement possible. Quel calendrier est-il envisagé ?

M. Alain Maron, membre du Collège réuni.- Je ne dispose malheureusement pas du calendrier.

 

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