Ce mercredi 16 septembre 2020 a lieu la discussion et le vote sur la proposition de résolution sur la problématique du nourrissage des renards. J’ai co-signée avec mes collègues Viviane Teitelbaum, Aurélie Czekalski et Clémentine Barzin. Celle-ci porte sur les mesures de prévention que peuvent mettre en place les commune bruxelloises, en coordination avec la Région concernant le nourrissage des renards.
La voici ci-dessous.
Proposition de résolution visant à encourager les communes à mener des actions de sensibilisation, en concertation avec la Région, aux meilleures pratiques de précaution en matière de nourrissage des renards
Développements
Le renard roux (Vulpes vulpes) est une des espèces sauvages qui possède l’un des plus vastes territoires de développement au monde en étant présent tant sur le continent eurasien, qu’en Amérique du Nord et en Afrique du Nord.
On peut apercevoir cet animal dans nombreux types de milieux naturels. Selon H. De Blander et B. Brochier, de l’Institut Pasteur de Bruxelles, « traditionnellement considéré comme rural, le renard est aussi devenu, en quelques décennies, un hôte de plus en plus familier des villes et surtout de leurs banlieues. Si l’existence de renards dans un environnement urbain semblait auparavant être un phénomène spécifiquement britannique, ces dix dernières années, de nombreuses études ont montré que le renard a également conquis de nombreuses grandes cités d’Europe continentale, d’Amérique du Nord et d’Australie : Bruxelles, Paris, Amsterdam, Oslo, Copenhague, Stockholm, Madrid, Zurich, Genève, Toronto, Melbourne. Cette colonisation est assez récente et coïncide avec le développement d’un tissu suburbain lâche constitué principalement de quartiers résidentiels. Ceux-ci sont en outre parsemés d’espaces verts à vocation récréative (parcs, golfs, bois, terrains de sport) ou non (zones agricoles résiduelles, cimetières, terrains vagues, talus de chemins de fer, zoning industriels ou commerciaux). ».
Ainsi, comme dans d’autres grandes villes européennes, depuis plusieurs années, les Bruxellois rencontrent de plus en plus souvent ces petits mammifères sur le territoire de notre Région, près d’un bois, dans les parcs, dans les jardins mais aussi, parfois au coin d’une rue.
Selon le site de l’IBGE, ces renards roux sont arrivés à Bruxelles de « manière spontanée et naturelle, en provenance de la campagne flamande ». Aucun renard n’a jamais été introduit par l’homme, ou capturé et déplacé à Bruxelles. Les premières observations datent de la moitié des années 1980. « A l’époque, des renards ont été remarqués dans les quartiers résidentiels jouxtant la Forêt de Soignes, ce qui laisse supposer que ce massif forestier a servi de corridor pour atteindre la ville ».
Selon plusieurs études, le renard roux présente une remarquable faculté d’adaptation comportementale. Cela s’observe notamment par sa capacité à choisir son habitat, son alimentation mais aussi par la gestion de son espace de vie et son organisation sociale.
Cette faculté d’adaptation explique en partie l’importante hausse de sa population dans notre ville ces dernières années. D’après Bernard Crutzen, réalisateur de « Bruxelles Sauvage, Faune Capitale » – un documentaire mettant en avant la richesse de la vie sauvage dans notre région – les renards ont trouvé suffisamment de nourriture et de calme à Bruxelles pour s’y installer en s’y reproduisant.
Cette évolution naturelle a probablement été renforcée par le caractère protégé de ce renard. En effet, l’ordonnance du 1er mars 2012 relative à la conservation de la nature qualifie le renard d’espèce strictement protégée. « Cette protection implique notamment que les animaux ne peuvent pas être tués, capturés, déplacés ou dérangés ».
Selon Bernard Crutzen, même si aucun recensement n’a été effectué depuis les années 90, « aujourd’hui, il y aurait plus ou moins 2.000 renards à Bruxelles ».
Le renard est un prédateur omnivore. Selon Blander et Brochier, vu le nombre de jardins, parcs et forets à Bruxelles, la nourriture d’origine animale ou végétale est suffisante pour les renards. Ceux-ci se nourrissent également de petits animaux victimes (hérissons, batraciens..) de la circulation automobile mais aussi des éventuels petits élevages (poulaillers, oiseaux d’ornement) qu’ils croisent… En outre, nos déchets ménages de toutes sortes sont une des sources presque illimitées et aisément accessibles .
Aujourd’hui, les renards sont partout dans notre Région. On constate cependant une concentration dans certaines communes telles que Auderghem, Watermael-Boitsfort, les Woluwe, Uccle… où certains propriétaires n’hésitent pas à nourrir directement voire apprivoiser ces renards.
Les nuisances et dommages les plus cités sont certainement : les poubelles éventrées, le pillage des poulaillers ou encore les terriers situés dans des jardins privés.
Plusieurs études ont démontré qu’une mortalité importante dans la population vulpine est rapidement compensée, parfois même à la hausse. Selon les experts, c’est la quantité de nourriture disponible sur un territoire donné qui détermine le niveau des populations de renards. Il faut donc limiter les ressources alimentaires accessibles aux renards.
La présente proposition de résolution vise donc tout d’abord à appréhender scientifiquement le problème en recensant la population des renards vivant dans notre Région afin de pouvoir en estimer la hausse de ces dernières années et estimer toute surpopulation. En outre, il s’agit d’encourager les communes à mener des actions coordonnées avec la Région, en particulier l’IBGE ou Bruxelles-Propreté, visant à informer davantage les Bruxellois des actions adéquates de précaution, notamment en matière de politique de nourrissage et de gestion des déchets.
Le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale,
Considérant les travaux de H. De Blander et B. Brochier de l’Institut Pasteur de Bruxelles : « Le renard urbain, 2004 » ; le documentaire « Bruxelles Sauvage 2014 » de Bernard Crutzen et le site « ATLAS des mammifères de Bruxelles » ;
Considérant que l’accord de gouvernement prévoit notamment de « soutenir les associations de détenteurs, de protecteurs d’animaux et de vétérinaires afin de sensibiliser la population au bien-être animal » ;
Considérant qu’à l’instar de tous les mammifères indigènes de la Région de Bruxelles-Capitale, le renard est une espèce strictement protégée par l’ordonnance du 1er mars 2012 relative à la conservation de la nature ;
Considérant que la dernière étude organisée par les autorités publiques remonte à la fin des années 90 ; cette étude identifiait les éventuelles maladies dont le renard pouvait être porteur, ainsi que les éventuels faits d’agression vis-à-vis de l’homme et des animaux domestiques ;
Considérant qu’un renard qui meurt est immédiatement remplacé par un autre renard ; ainsi, selon les experts, « capturer ou éliminer un renard lorsqu’un problème se pose n’est donc pas une mesure efficace » ;
Considérant que la hausse du nombre de renards dans notre ville est principalement le résultat de changements légaux et sociétaux provoqués par l’homme ;
Considérant que de nombreux Bruxellois sont heureux de ce retour à une ville plus sauvage, plus proche de la nature ;
Considérant que de nombreux Bruxellois essayent d’apprivoiser ces renards notamment en les nourrissant sans mesurer l’impact global que ces actions peuvent avoir sur la hausse de la densité de population de ces renards ;
Considérant cependant les divers types de dommages et nuisances provoqués par les renards ;
Considérant que c’est la quantité de nourriture disponible dans le milieu qui détermine le niveau des populations de renards, et que la seule façon réaliste de diminuer les densités de populations est donc de limiter les ressources alimentaires accessibles aux renards ;
Demande au Gouvernement de la Région de Bruxelles- Capitale :
- de réaliser un recensement de la population des renards vivant dans notre Région afin de pouvoir en estimer la hausse ces dernières années et anticiper toute éventuelle surpopulation ;
- d’assurer, avec les communes concernées, une campagne de communication visant à promouvoir des actions de précaution afin d’une part, de protéger les renards et les Bruxellois de problèmes sanitaires liés à la surpopulation de ces petits mammifères et d’autre part, d’éviter et de minimiser les nuisances et dommages que ceux-ci peuvent provoquer ;
Il s’agit notamment d’encadrer le nourrissage de ces animaux; de déposer les déchets ménagers (par exemple, les divers sacs poubelles) le plus tardivement possible avant la collecte ; d’éviter de jeter des viandes et poissons dans les composts ; de sécuriser les poulaillers, etc. ;
- d’encourager les communes à développer des politiques coordonnées dans ces matières, via des règlements communaux ou de police, notamment en ce qui concerne le nourrissage de ces animaux sauvages qui contribue largement à une éventuelle surpopulation ;
- d’examiner avec Bruxelles-Propreté et les communes concernées tout changement dans la politique de collecte actuelle des déchets permettant de diminuer les nuisances liées aux poubelles éventrées, éventuellement en permettant le recours à des poubelles rigides.