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Interpellation relative à la lutte contre les différentes formes de harcèlement scolaire, dont le cyber-harcèlement.

 

SYNTHESE : QUESTION & REPONSE

Suite à des questions de parents d’élèves, j’ai interpellé le Collège de la Ville de Bruxelles sur un problème faisant hélas de nombreuses jeunes victimes chaque année : le harcèlement dans les écoles de Ville de Bruxelles.

Selon une étude de l’UCL, près de 30% des élèves ont déjà été confrontés à du harcèlement au sein de leur établissement scolaire (15% sont des victimes et 15 %, des harceleurs). Cela toucherait près de 2000 jeunes Bruxellois au quotidien. Et ce phénomène prend de l’ampleur depuis l’essor des réseaux sociaux dédiés presque exclusivement aux plus jeunes.

Pour l’Echevine de l’enseignement, la meilleure prévention contre ces formes de harcèlement est l’éducation générale des enfants dès la maternelle, notamment  à la citoyenneté responsable, à l’usage des technologies de l’information et à la critique des médias et des réseaux sociaux…

Nombreux projets existent déjà, parfois avec l’aide des parents et d’associations telles que  « Child Focus » ou « Nos enfants sur le Web en toute sécurité ». C’est notamment le cas de projets visant à sensibiliser les enfants de primaires à l’utilisation des réseaux sociaux. Dans les cas de cyber-harcèlement mis en évidence, les parents ne semblaient, ni au courant, ni conscient du mauvais usage d’Internet par leurs enfants.

Nombreux projets spécifiques existent aussi dans le secondaire, parmi ceux-ci, notamment :

  • La création d’ateliers de réflexion sur le harcèlement à l’Athénée Léon Lepage ;
  • Les « marcheurs de la paix» créés à l’Athénée Robert Catteau pour veiller au bien-être de chaque membre de l’école ;
  • L’asbl « Loupiote » qui forme des professeurs à aider au mieux les victimes de harcèlement ;
  • L’asbl « BRAVVO » est aussi active pour discuter du vécu individuel et du respect d’autrui via les réseaux sociaux. Pour les élèves du 1er degré, le projet média « Tu clic ou tu clic pas ? », proposé à l’Institut Bischoffsheim ;
  • Des compagnies artistiques, comme « Trans’en Danse » ou « Sequenza », s’investissent avec les professeurs pour monter, avec les élèves, des pièces de théâtre ou des vidéos autour du harcèlement et des réseaux sociaux.
  • L’asbl « Altervision » et la « Fondation Ishane Jarfi » qui aident le corps enseignant à lutter contre toute forme de harcèlement liée à l’homophobie.

De manière plus préventive et plus transversale, cette question est aussi abordée

  • par le programme d’éducation à la vie éducative, relationnelle et sexuelle (EVRAS) ;
  • lors des formations pédagogiques. La Ville a aussi organisé une formation intitulée « Le (cyber)harcèlement entre élèves : comprendre, identifier, agir».  Bon nombre d’enseignants et la majorité des agents des centres PMS ont déjà suivi la formation théorique en 2014 ou en 2015.

Ce panorama non exhaustif témoigne combien la lutte contre le harcèlement est une priorité pour nos enseignants, tant au niveau de leur formation, qu’au niveau de leurs actions en classe. C’est un enjeu majeur pour la jeunesse qui nous est confiée. Comme pouvoir organisateur, la Ville doit hélas parfois prendre des sanctions et des mesures d’éloignement pour des faits de harcèlement. En juger n’est certes jamais facile, car certains élèves ne mesurent pas nécessairement la portée de leurs actes. Nos écoles tablent préférentiellement sur la prévention, en nommant distinctement les choses et en tâchant de les « travailler ». Mais, ne l’oublions pas, elles promeuvent plus fondamentalement, et à chaque instant, une éducation aux valeurs démocratiques, socles de notre projet éducatif, comme le respect et l’ouverture, auxquels nous sommes tous particulièrement attachés.

 


 

QUESTION

Selon une étude de l’UCL, près de 30% des élèves ont déjà été confrontés à du harcèlement au sein de leur établissement scolaire (15% de victimes et 15 % de harceleurs).

Le gouvernement français a fait de ce fléau une priorité et a reconnu que 700.000 enfants et étudiants sont victimes, chaque année, de harcèlements en France. Si l’on applique ces estimations à la Ville de Bruxelles, ce serait près de 2000 jeunes Bruxellois qui souffriraient régulièrement de brimades, de moqueries, de mises à l’écart voire de violences physiques. Ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur depuis l’essor des réseaux sociaux dédiés aux jeunes .

Selon les experts, il n’y a pas un profil-type de victime de harcèlement. Toutes les écoles bruxelloises sont potentiellement confrontées à ce problème. Cependant, pour les chercheurs de l’UCL, le harcèlement s’exacerbe dans un système scolaire plus inégalitaire. Or les études nous rappellent, hélas, année après année, que notre enseignement, en Communauté française, est un des plus inégalitaires. Nous devons donc être particulièrement vigilants !

Ma question, qui fait suite à une interpellation de parents d’élèves, n’a pas l’intention de laisser supposer que nos écoles ne se préoccupent pas déjà de ces problèmes…Mais les écoles se sentent seules face à l’ampleur de ces drames qui nécessitent une réponse politique globale.

La Fédération Wallonie-Bruxelles n’a pas encore pris la mesure de l’ampleur de ce problème : Une plateforme a certes été lancée, mais elle reste peu connue des équipes éducatives ; des projets pilotes ont été menés en 2015 mais les écoles n’en connaissent toujours pas les résultats et des soutiens financiers sont programmés mais à hauteur de quelques centaines d’euros à peine…

L’ accord de majorité de la Ville de Bruxelles ne prévoit pas de pallier aux manquements d’autres niveaux de pouvoirs mais il prévoit néanmoins de « Renforcer les projets de prévention liées aux questions sociétales (maltraitance, violence, harcèlement,..) en collaboration avec le service Promotion de la santé à l’école (PSE) ».

Pour réduire de manière durable le harcèlement, il faut que tous les acteurs concernés se sentent mobilisés, chacun dans son lieu d’action. Avez-vous pu établir un plan d’actions avec ces acteurs de terrains, éventuellement en collaboration avec la Région de Bruxelles-Capitale et la Fédération Wallonie -Bruxelles? Pouvez-vous nous le communiquer ?

Combien de formations ont été suivies par les équipes éducatives de nos écoles à ce sujet ? Comment a-t-on sensibilisé les élèves à cette question ?  Etes-vous informé si les écoles de la Ville de Bruxelles ont intégré un dispositif de prévention et de prise en charge dans leur projet d’établissement ou en précisant clairement, dans le règlement d’ordre intérieur, les règles et sanctions relatives aux faits de harcèlement ?

Enfin, est-ce que votre Collège est informé du suivi des cas importants de harcèlements afin de s’assurer que certaines écoles ne soient pas plus exposées que d’autres à ce phénomène.


 

REPONSE DE L’ECHEVINE DE L’ENSEIGNEMENT :

La question du harcèlement est effectivement une préoccupation importante du Département Instruction Publique, les conséquences pouvant être désastreuses, tant sur le plan éducationnel qu’émotionnel.

Le harcèlement peut se retrouver dans le microcosme d’une classe, entre élèves ou groupes d’élèves et est considéré comme un fait grave ; l’exclusion définitive pouvant être la sanction ultime.

Éduquer et prévenir sont évidemment et avant tout nos outils de prédilection et notre personnel éducatif s’y attèle quotidiennement. La meilleure prévention contre toutes les formes de harcèlement, dont le cyber-harcèlement, est l’éducation générale de l’enfant à la citoyenneté responsable, à l’usage responsable des technologies de l’information, à la critique des médias et des réseaux sociaux, et surtout au respect de la différence et de l’intimité, la sienne et celle des autres. L’un des aspects les plus importants de cette éducation est de favoriser le dialogue avec les élèves, entre eux, avec les professeurs et avec leurs parents, de sorte que tout jeune confronté au harcèlement puisse le plus rapidement possible sortir de l’isolement et de la solitude dans lesquels il risque de s’enfermer dramatiquement.

Les directions et les enseignants de nos écoles débordent d’initiatives en ce sens et ce, dès la maternelle avec des séances de sensibilisation au respect de soi, de son corps et des autres.

Dans les écoles primaires, des animations sur la découverte et sur la gestion de ses émotions, sur l’estime de soi et le respect sont régulièrement organisées – avec les PMS – et parfois suivies d’interventions individuelles pour aider les enfants victimes de harcèlement.

Pour exemple, l’École primaire Charles Buls mène actuellement un projet pilote concernant le cyber-harcèlement suite à des dérives observées chez des enfants de 9 à 12 ans. L’équipe pédagogique a dès lors mis au point une méthode de travail, avec l’aide de « Child Focus » et de « Webetic » (« Nos enfants sur le Web en toute sécurité »), pour sensibiliser en classe les enfants à l’utilisation des réseaux sociaux. Dans les cas de cyber-harcèlement mis en évidence, les parents ne semblaient ni au courant ni conscient du mauvais usage d’Internet par leurs enfants. En mars 2016, des séances d’information ont donc été organisées avec les parents : les aspect théoriques et statistiques du harcèlement ont été exposés et débattus. Des réunions de ce type seront à nouveau programmées en 2017, en présence des enfants et de leurs parents. Ce concept pourra être élargi à d’autres écoles.

En secondaire, nos établissements ont développé, depuis plusieurs années déjà, des projets très concrets pour lutter contre toute forme de harcèlement ou de cyber-harcèlement. Parmi ceux-ci :

  • La création d’ateliers de réflexion, en collaboration avec les élèves et l’équipe pédagogique de l’Athénée Léon Lepage, la médiation scolaire et le PMS, a abouti à une exposition en interne de panneaux d’information sur le harcèlement (« si l’élève est victime », « si l’élève est témoin », « comment rompre le harcèlement ? », etc.). Ces panneaux ont été présentés par les élèves entre eux, entre différents niveaux, y compris entre classes du secondaire et classes du primaire, en présence ou non des parents. Une fresque murale a également été réalisée par les élèves sur la thématique de la lutte contre le harcèlement. Deux élèves-guides par classe suivront une formation pour expliquer l’œuvre et son message à leurs condisciples.
  • Les « marcheurs de la paix » ont été créés à l’Athénée Robert Catteau pour veiller au bien-être de chaque membre de l’école. Ce projet a reçu le Prix de la Transférabilité du Forum des innovations en éducation octroyé par l’asbl « Schola-ULB ». L’attention est accordée à l’accueil des premières, au parrainage des grands pour les petits, à la réunion d’un conseil d’élèves. L’action s’égrène tout au long de l’année scolaire autour d’ateliers d’écriture, de lecture, de vidéo, d’impro, de création d’affiche, de prévention, de médiation et d’un concours « move tegen pesten ».
  • La « chouette heure », proposée par le Lycée Dachsbeck, est un temps d’échanges et de parole entre les élèves, ou entre les élèves et l’équipe scolaire, à propos de grands thèmes sociétaux, de prises en compte de situations vécues (notamment de conflit), potentielles ou réelles, de leur gestion et de leur résolution par des méthodes respectueuses de l’autre, en refusant la violence tant verbale que physique.

Elles font appel aussi à des organismes extérieurs pour les assister dans leur travail de sensibilisation et de prévention. Je souligne, en particulier, les collaborations suivantes :

  • L’asbl « Loupiote » a formé des professeurs et quelques classes pour aider au mieux les victimes de harcèlement, pour les encourager à en parler plus facilement, et dès lors à endiguer le problème. Avec sa collaboration, le projet « Ce qui vous regarde… NO HATE » a été instauré pour des élèves de 3e et de 4e année. Une école a, de surcroît, installé une boîte aux lettres pour signaler le harcèlement, un dispositif qui semble rencontrer un certain succès.

 

  • L’asbl « BRAVVO » est active dans certaines classes pour discuter du vécu individuel et du respect d’autrui via les réseaux sociaux. Pour les élèves du 1er degré, le projet média « Tu clic ou tu clic pas ? », proposé à l’Institut Bischoffsheim, ouvre un espace de conscience face au harcèlement pour se positionner comme citoyen responsable.

 

  • Des compagnies artistiques, comme « Trans’en Danse » ou « Sequenza », s’investissent – elles aussi – avec nos professeurs pour monter avec les élèves des pièces de théâtre ou des vidéos autour du harcèlement et des réseaux sociaux.

 

  • L’asbl « Altervision » et la « Fondation Ishane Jarfi » aident notre corps enseignant à lutter contre toute forme de harcèlement liée à l’homophobie.

De manière plus préventive et plus transversale, la thématique du harcèlement fait partie intégrante des sujets abordés à l’école lors des matinées de sensibilisation à l’éducation aux médias (EAM) ou dans les Ateliers de philosophie pilotés par notre Département. Il s’agit notamment d’une question longuement abordée lors des journées pédagogiques portant sur la liberté d’expression organisée au sein de chacun de nos établissements d’enseignement secondaire.

Par ailleurs, les actions du Service Prévention Orientation Santé (SPOS) se font sous forme d’animations collectives et englobent le bien-être, le climat de classe ou les relations respectueuses, un « terreau » aux multiples problématiques socio-éducatives, dont le harcèlement. Le programme d’éducation à la vie éducative, relationnelle et sexuelle (EVRAS), mis en œuvre par nos équipes pédagogiques, s’inscrit tout autant dans l’éducation au respect de l’autre, notamment quant au choix d’orientation sexuelle.

Dans nos bibliothèques, nombreuses initiatives sont également développées pour informer et dialoguer avec la jeunesse. Récemment, l’exposition sur le genre ou la semaine de prévention du SIDA ont été autant d’occasions pour aborder la sexualité, la différence, la lutte contre l’exclusion et par là contre le harcèlement.

Enfin, il faut noter que nous organisons une formation intitulée « Le (cyber)harcèlement entre élèves : comprendre, iden
tifier, agir » en deux demi-jours pour la partie théorique et deux jours pour la partie pratique (avec des exercices qui peuvent être réalisés en classe). Bon nombre d’enseignants et la majorité des agents des centres PMS ont déjà suivi la formation théorique en 2014 ou en 2015.

Au sein de la catégorie pédagogique de la Haute École Francisco Ferrer, cette thématique est traitée dans le cadre de cours comme « Techniques de gestion de groupes ».

Ce panorama non exhaustif témoigne combien la lutte contre le harcèlement est une priorité pour nos enseignants, tant au niveau de leur formation, qu’au niveau de leurs actions en classe. C’est un enjeu majeur pour la jeunesse qui nous est confiée. Comme pouvoir organisateur, la Ville doit hélas parfois prendre des sanctions et des mesures d’éloignement pour des faits de harcèlement. En juger n’est certes jamais facile, car certains élèves ne mesurent pas nécessairement la portée de leurs actes. Nos écoles tablent préférentiellement sur la prévention, en nommant distinctement les choses et en tâchant de les « travailler ». Mais, ne l’oublions pas, elles promeuvent plus fondamentalement, et à chaque instant, une éducation aux valeurs démocratiques, socles de notre projet éducatif, comme le respect et l’ouverture, auxquels nous sommes tous particulièrement attachés.

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