Skip to main content

Avec Latifa Aït-Baala, nous avons récemment débattu d’un texte visant à partager la responsabilité de la contraception, au Parlement de la COCOF. Le texte était intitulé « Proposition de Résolution visant la sensibilisation aux différents types de contraception, y compris masculine, et à tendre vers une responsabilité partagée de la contraception ».

Cette Résolution a été adoptée à l’unanimité des partis démocratiques. Vous retrouverez ci-dessous mon intervention lors du débat.

Mon intervention

Ce texte vise à sensibiliser les citoyens, les associations, les professionnels de la santé et les pouvoirs publics aux différentes méthodes de contraception, y compris masculines, en vue de lutter contre les idées préconçues selon lesquelles la contraception serait essentiellement la responsabilité des femmes !

Un stéréotype ! Mais surtout une réalité à changer dans notre société. Pourquoi près de 70% des femmes  – mais seulement 30% des hommes  – « déclarent utiliser un moyen de contraception » ? Pourquoi cette différence ? Pourquoi plus de 50% des femmes disent décider seule de la contraception « du couple » ? Pourquoi près de 90% des femmes paient seule le contraceptif « du couple » ?

Pourquoi ?

« La vie reproductive des hommes est pourtant plus longue que celle des femmes et, contrairement à elles, ils sont fertiles tous les jours du mois. Ce n’est d’ailleurs que depuis sa médicalisation dans les années 1960 que la contraception s’est féminisée. »

Pourtant, selon plusieurs études, si les hommes « se contraceptaient », les bénéfices d’un partage équitable seraient socialement importants.

Notre société doit donc aborder la question d’une contraception partagée. Une question encore bien trop tabou ou largement ignorée, comme si la prise en charge féminine apparaissant comme « normale ».

« Cette responsabilité inégale se traduit aussi par une forme de travail invisibilisé pour les femmes. » Elles portent aussi la charge mentale qu’implique ce travail souvent quotidien. C’est à elles que revient la responsabilité de la bonne utilisation de la contraception.

Elles sont aussi contraintes de se plier à un suivi médical régulier étant donné que la majorité des contraceptions sont prescrites après consultation. C’est aussi une charge financière pour les femmes… Sans parler du fait que ce travail influence également la sexualité et le désir dans le couple !

Enfin, cela a été dit, cela influence aussi la santé des femmes. D’ailleurs, d’un point de vue de santé publique, selon les experts, une alternance contraceptive pourrait diminuer les risques liés aux effets secondaires potentiels de la contraception hormonale que les femmes sont actuellement seules à supporter.

Pour finir, évidemment, la sensibilisation à la contraception tant masculine que féminine, dès le plus jeune âge, reste un enjeu majeur afin de faire diminuer le nombre de grossesses non désirées.

Il est donc tout à fait normal que la contraception soit davantage partagée par les hommes et les femmes !

Il est tout aussi normal que les pouvoir publics, les entreprises et les associations encouragent les hommes à s’intéresser davantage à la contraception masculine et au partage de la responsabilité de la contraception.

Une conscientisation qui doit passer par l’EVRAS à l’école et une sensibilisation qui devrait prendre place également dans les lieux de promotion de la santé, dans les milieux estudiantins ou festifs ou encore dans les lieux ou les espaces de rencontre des jeunes. Je pense  aussi aux maisons de jeunes, maison de quartiers, dans les centres sportifs, dans les centres culturels.

La sensibilisation et l’information doivent aussi transiter par les acteurs de première ligne et/ou les acteurs de la santé qui doivent donc pouvoir accompagner les hommes et les femmes dans leurs choix en termes de contraception. Cela passe aussi par des informations claires sur les modes de contraceptions pour les hommes.

Outre le préservatif, il existe notamment la contraception hormonale, le gel ou encore la contraception thermique, basées principalement sur l’inhibition de la spermatogenèse ou la vasectomie.

Les demandes au gouvernement sont pertinentes et nombreuses :

  1. De généraliser l’accès à l’information en matière de contraception féminine et masculine, afin de lutter contre les infections sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées, dès l’entrée des jeunes en secondaire dans le cadre d’activités organisées dans le cadre de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) dans l’enseignement obligatoire francophone;
  2. De sensibiliser les jeunes tout au long de leur parcours scolaire aux questions de genre (en ce compris la responsabilité commune de la contraception) afin de tendre vers une plus grande égalité;
  3. De s’assurer que l’information fournie dans les établissements scolaires par les équipes pédagogiques, les équipes des CPMS et les services de promotion de la santé à l’école (PSE), aux élèves sur les moyens de contraception féminine et masculine soit complète et reprenne les avantages et inconvénients des moyens contraceptifs, ainsi que leurs effets physiologiques;
  4. De promouvoir et de soutenir, en collaboration avec des associations actives sur la thématique, dans l’enseignement obligatoire des activités autour des thématiques de la contraception comme des espaces d’échange, de découverte ou des ateliers visant à susciter des réflexions sur l’équité contraceptive et, dans l’enseignement supérieur des activités visant à sensibiliser les étudiants (colloques, séminaires, MOOC, …);
  5. D’assurer une information complète sur l’ensemble des moyens de contraception présents sur le marché et sur l’existence d’applications et de formations pour accompagner chaque individu dans ces choix de contraception, véhiculée notamment à travers des plateformes officielles soutenues par la Commission communautaire française ou par les organisations de jeunesse, centres PMS, PSE ou encore AMO;
  6. De prévoir, éventuellement en collaboration avec les entités régionales, la réalisation d’une étude tant quantitative que qualitative sur la réalité des pratiques contraceptives actuelles et des freins liés à l’utilisation, à la recherche et à la production de contraceptifs masculins;
  7. De lancer, dans la limite des crédits budgétaires, une campagne d’information et de sensibilisation aux différentes méthodes de contraception masculine et féminine, et à la responsabilité partagée de la contraception, notamment en collaboration avec des créateurs de contenu engagés en la matière;
  8. D’actualiser le site love attitude en le rendant plus attractif, en publiant continuellement du nouveau contenu créé en collaboration avec des jeunes de tout âge et en accentuant la présence de love attitude sur les différents réseaux sociaux;
  9. De poursuivre la sensibilisation aux multiples précautions que revêt l’utilisation des préservatifs, en termes de contraception mais également en termes de protection contre les infections sexuellement transmises;
  10. De généraliser les formations à destination des professionnels de la santé, en particulier les généralistes, qui devraient rendre ceux et celles- ci attentifs, dans leur pratique quotidienne, à proposer une contraception masculine à leurs patients;
  11. De soutenir la recherche scientifique à capter des subsides européens via le relais de la Fédération internationale pour la planification familiale, la recherche sur la contraception masculine ou la contraception féminine sans hormone;
  12. De plaider pour l’utilité du développement et de la commercialisation de la contraception masculine auprès des départements recherche dans les entreprises pharmaceutiques.

Je vous remercie pour votre écoute.

Laisser un commentaire

X